Cincinnati 1999, Robert Bilott (Mark Ruffalo) est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Associé dans le puissant cabinet Taft Stettinius & Hollister avec à sa tête le charismatique Tom Terp (Tim Robbins), Robert est interpellé en pleine réunion par Wilbur Tennant (Bill Camp), un paysan, voisin de sa grand-mère. Ce dernier, résigné voire même abattue, accuse la société DuPont d’avoir contaminé les cours d’eau de la région de Parkersburg en Virginie-Occidentale. Réticent quant aux suppliques de Tennant, Robert va alors s’émouvoir du désarroi de l’agriculteur. Prenant l’affaire en main, il va s’engouffrer dans la brèche afin de faire éclater la vérité sur cette potentielle pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine. Il ne lui faudra pas longtemps pour découvrir qu’effectivement, la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée depuis des décennies par une usine du puissant groupe chimique DuPont de Nemours, qui n’est rien moins que le premier employeur de la région. S’engage alors pour Robert, le combat d’une vie, celui de David contre Goliath.
Ayant vécu en Virginie durant son adolescence, Mark Ruffalo, qui est un acteur engagé pour l’écologie depuis des années avait à cœur de porter le projet jusqu’au bout et il en sera le producteur. Derrière la caméra, on retrouve l’efficace Todd Haynes, le metteur en scène de "I’m not there” ou encore “Carol”, ne fait pas dans la demi-mesure, ni dans le pathos gratuit, encore moins dans la démago dégoulinante, rien de tout cela. Sous ses airs de drame social maintes et maintes fois éprouvé, “Dark Waters” est une cinglante dénonciation quant à l’impunité totale que s’octroient certaines multinationales polluantes sous prétexte de faire évoluer la société. Mené à la manière d’un thriller à l’intenable suspense, “Dark Waters” choque autant dans le fond que dans la forme, Mark Ruffalo/ Robert Billot porte littéralement le film sur ses épaules, les épaules d’un homme de convictions prêt à risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie pour faire éclater la vérité. D’une violence frontale aussi bien dans ses dialogues, que dans ses images (certaines scènes sont insupportables, mais néanmoins nécessaires.), “Dark Waters” est un réquisitoire imparable. Au travers du combat de l’humain contre la bureaucratie politique acoquinée aux lobbies (la frontière est ténue entre les deux), et malgré un scénario plus que complexe, le long-métrage réussit l’exploit de scotcher le spectateur dès les premières minutes, sans jamais le lâcher. Un pur cinéma vérité, militant et intelligent que l’on espère voir plus souvent.

RAF43
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le 29 févr. 2020

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