L'histoire d'un homme assoiffé de sang dans un monde de vampires. On pense à « Equilibrium », à « Je suis une légende » ou éventuellement au « Livre d'Eli » pour le budget et l'esthétique et non pas à "Matrix" comme dit l'affiche. Mais ce n'est rien de tout ça. C'est à la fois plus simplet et plus original sinon profond. on y parle de l'intérêt de mourir quand on a le choix d'être libre et vivant. Attention ce n'est pas un essai philosophique mais c'est gentiment tourné et la critique du capitalisme n'est pas le moindre intérêt de la chose.
Donc Daybreakers, c’est avant tout la maestria avec laquelle les frangins Spierig mettent en place ce monde futuriste – et totalement acceptable tant il est réaliste et généreux de détails, jusqu’aux journaux tv et aux panneaux publicitaires dans les rues - où, d’ici quelques années, les vampires auront pris le contrôle de notre monde. Et histoire de ne pas céder aux vieux clichés, ces vampires sont très… humains. Ils vivent dans de beaux appartements, vont bosser tous les soirs, ont leurs subwalks – pour se déplacer à l’abri du soleil- et ont même l’équivalent de nos starbucks version sang. Il y a des riches, des cadres en costumes-cravates, il y a des clochards… et même le capitalisme a survécu à la ‘prise’ de pouvoir. Evidemment, nous, pauvres humains, ne sommes guère plus que du bétail… et plus assez nombreux pour sustenter la population dominante et c'est le problème, c’est qu’un vampire qui mange pas et/ou fait du cannibalisme, ben ça devient très moche, sauvage et franchement agressif.
Toute la première partie du film est entièrement dévolue à la présentation de ce futur et des personnages principaux. Cette ‘introduction’ de qualité est malheureusement un peu mise à mal par la seconde moitié, qui, bien que très prenante, fait très bâclée et peut paraître décevante quant aux graines qui avaient été semées quelques minutes plus tôt. En effet, il ne sera plus question que de courses-poursuites, révoltes, sauvetage, etc… Beaucoup d’action et de suspense, même du gore à la romero pour une des dernières scènes… mais toute la profondeur du contexte et des personnages passe franchement à la trappe. Exit l’étrange relation père/fille du personnage incarné de Sam Neill – véritable enflure de PDG capitaliste -, pareil pour celle de Edward/E.Hawke et de son frère… Parce que sans cette impasse, on aurait pu tenir un excellent film ! Malgré tout, vous trouverez dans ce film un casting solide, à qui a été donné de vrais rôles et la place qui va avec.
Daybreakers reste le film de vampire à voir, tant il est [presque] complet - avec 30 Jours de Nuit bien sûr, mais pas pour les mêmes raisons.