Dead Leaves
7.4
Dead Leaves

Moyen-métrage d'animation de Hiroyuki Imaishi (2004)

Une heure cela peut paraître long ou extrêmement court selon la manière dont on l'occupe. Si on la passe à regarder Dead Leaves, un film d'animation de 2004 réalisé par Hiroyuki Imaishi et produit par le studio Production I.G alors elle va passer vite, très vite. Car si le film dure une cinquantaine de minutes, vous aurez besoin des minutes restantes pour vous remettre de ce déluge visuel qui vous tombe sur un coin du cerveau pour le coloniser progressivement, vous plongeant dans un joyeux bazar ultra-coloré et dynamique.


Vidéo pour se mettre dans l'ambiance


« Oh pinaise ! » : voilà sans doute l'expression la plus adaptée (et la moins vulgaire) pour décrire mon état d'esprit tandis que le temps passait et que mes mirettes se faisaient dégommer par ce que Hiroyuki Imaishi (réalisateur de Kill la Kill, animateur sur Redline... - on pense à ces deux titres lors de certains passages, ainsi qu'à Mars Attacks...) m'administrait. La dose était sévère. Il faut dire que les premières minutes de ce film, démarraient sur les chapeaux de roues : Retro et Pandy se réveillent, ils sont nus (Retro apprécie la vue), une poignée de secondes plus tard, ils sont poursuivis par la police, ça tire de partout... Comment en est-on arrivé là ? Ont-ils payé les fringues qu'ils portent ? Pourquoi Retro a-t-il une télé' à la place de la tête ? On s'en tape !


Voilà nos Bonnie et Clyde partis pour dominer la Terre ? Faire des casses, tout exploser et semer la terreur ? Même pas ! En un peu plus de cinq minutes, notre duo est passé de la case réveil à la case serrés par la police. Direction la Lune (amochée, comme dans Assassination Classroom) où les attend une prison de haute sécurité (qui n'a pas été conçue par Willard Hobbes, je préfère préciser) : Dead Leaves. Là, différents éléments vont se combiner pour produire un résultat complètement fou :



  • La faune locale est pour le moins singulière. Il y a de belles têtes de vainqueurs, des types louches, des travaux super intéressants à faire et de la bonne bouffe... ;

  • Les prisonniers peuvent être dégommés à tout moment, leur existence n'a aucune valeur et les deux tarés qui font office de gardiens chef' prennent bien du plaisir dans leur boulot ;

  • Les prisonniers sont, de plus, placés dans des camisoles qui laissent juste la tête libre. Ils sont nourris et « vidés » par des machines - la magie des tuyaux. La technologie est omniprésente et sert à tout ;


Comme tout bon prisonnier qui se respecte, Pandy et Retro vont chercher à se faire la malle, entraînant avec eux les autres condamnés (effet du charisme du duo ou de la nuit qui porte conseil, je vous laisse juger). La grande évasion peut commencer et elle va être saignante ! Parce que dans Dead Leaves, il y a du sang, des balles, des boyaux, des morts, du massacre et des explosions dans tous les sens. Il va y avoir du sport mais eux ne restent pas tranquilles.


Le film ne prétend pas un seul instant être réaliste. Ce décalage, omniprésent, s'articule avec l'excès : dans la violence, dans les réactions, dans la disproportion qui apparaît à l'écran. Il y a du cru, du vulgaire dans Dead Leaves, la finesse ou le sens de la métaphore n'est pas la priorité. Ce n'est pas une critique : si on accepte d'entrer dans le délire, de voir un périple qui part dans tous les sens, sans trop chercher la queue ou la tête, on passe un très² bon moment. Le format retenu fait que le film passe bien, il n'est, à mes yeux, ni trop court ni trop long.


Ce qui fait sa force tient en un mot : le rythme. Dead Leaves est un film monté sur ressorts, sans temps mort : nous sommes pris dans un tourbillon, du début à la fin. Il en découle une énergie débordante, qui vous saute aux yeux avant de vous pénétrer et de vous donner envie, par moments, d'être sur la bécane avec Pandy et Retro, de courir avec les prisonniers, de prendre part à une baston survitaminée, même si c'est pour finir écharpé au bout de dix secondes. Ce dynamisme est contagieux, addictif.


Graphiquement, le film se révèle agréable, avec des designs un peu carrés/bruts qui font penser à l'art urbain. Le travail d'animation est à souligner. Hiroyuki Imaishi y va de son lot de couleurs vives, alliées à des onomatopées et à un jeu permanent dans l'agencement des images, la perspective retenue, le cadrage, la représentation des personnages... L'innovation semble permanente.


Dead Leaves est un film qui se voit plus qu'il ne se raconte. Il se vit. Nerveux comme une caisse de Mad Max, agressif comme la défense du Thunder (quand il menait 3-1 contre les Warriors), le film nous offre des moments de bastons et de course-poursuite mémorables tout en renouant avec une idée simple : ce qui compte ce n'est pas la fin mais le chemin parcouru pour y arriver.


Si Uchû Patrol Luluco est du même acabit, cela promet quelques bons moments.

Anvil
8
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le 6 juin 2016

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Anvil

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