Après le surestimé « Les gardiens de la galaxie », Les studios Marvel poursuivent leur exploration du film de super-héros à tendance décalé avec le nouveau venu Deadpool. Vendu comme une œuvre en marge et hautement subversive, le film ne tient aucune de ses promesses et livre un spectacle convenu sans la moindre ambition technique, artistique ou intellectuelle.


Dès la bande-annonce, on sentait poindre l'arnaque. Le racolage avait pris la forme d'un trailer amputé de ses scènes gore que l'on pouvait visionner sur internet. Un petit clic pour une petite claque. Membres décapités, punchlines scato-ado et champs lexical vulgo, voilà la valeur ajoutée de cette BA en kit.


L'originalité du film tient en son personnage central. Deadpool est en effet conscient d'être un personnage de fiction et prend plusieurs fois le spectateur comme témoin. Le procédé n'est pas nouveau mais n'a jamais été utilisé dans un film Marvel. Le principe est alléchant est permet, quand les ambitions suivent, d'apporter un regard critique sur une œuvre. Mais ici, nous restons au stade anal de la créativité. Dès le générique, on assiste incrédule au défilé de la distribution permutée en pseudo bashing. Sous couvert de dénonciation (Acteur trop payé, réalisateur sans talent, actrice engagée sur son physique etc...) on assiste au premier aveu d'impuissance. Le film est un film Marvel, sans surprise, jouant avec les codes éculés du super-héros, se parant maladroitement d'une grossièreté sous écrite faisant office d'élément subversif. Graveleux et bas du front, on se surprend de ne pas voir surgir Mélissa Mc Carthy dans un caméo idoine.


Le film ne se démarque des autres productions du studio que par sa grossièreté. Incapable de générer une vraie auto critique, il accouche d'un des scénarios les plus balisés du MCU "étendu" (merci Vanguard). Se cachant derrière une narration éclatée qui n'occulte jamais la pauvreté de l'intrigue, Tim Miller nous sert un Deadpool cynique qui se veut subversif mais qui marche dans les pas de ses aînés. Constamment dans la moquerie, ne déviant jamais de sa ligne directrice, Deadpool s'enlise dans la redite et n'arrive pas à créer de l'impact. Pire, il utilise les mêmes codes que ses contemporains, drame perso qui en fait un héros, obtention des pouvoirs, confection du costume, le super vilain qu'il faut battre à la fin dans une explosion de pixels etc... Balisé, balisé, balisé. Si le spectacle se laisse suivre grâce à une certaines inventivités de mise en scène, le personnage de Deadpool est artificiellement extirpé de la masse par le contraste affiché entre lui et les autres protagonistes. Évoluant au milieu de personnages fades et caricaturaux, Wade Wilson tire son épingle du jeu car il est le seul à offrir un minimum de relief.


S'autoproclamant dénonciateur du film de super-héros avec un personnage principal conscient de sa nature, Deadpool passe à côté de son sujet car il cible le même public que celui des films qu'il croit critiquer. En ce sens, il méprise le spectateur en l’entraînant une fois encore dans une histoire sans surprise et sans ambitions. Tim Miller et ses équipiers sont malhonnêtes car il ont fait miroiter un film qui allait dénoncer. Pourtant, d'autres films ont osé le pari. Si quelques uns me reviennent à l'esprit, je n'en citerai qu'un qui illustre idéalement cette critique. Un film qui a fait un flop commercial car il se moquait intelligemment du cinéma d'action des 90. Un film à budget et d'auteur, un film emblématique. Un film qui n'a pas trouvé son public à sa sortie car celui-ci attendait du blockbuster conventionnel. Un film qui est tout ce que Deadpool n'est pas : une réussite. Un film. Last Action Hero.

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le 2 mai 2016

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Alyson Jensen

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