Il y a deux ans, le public découvrait un nouveau héros. Un héros pas vraiment comme les autres, aux valeurs tout à fait particulières, et au style très éloigné de ce à quoi Marvel nous avait habitués jusqu’ici. Déjanté, grivois, jamais avare en blagues graveleuses, Deadpool apportait un petit vent de fraîcheur dans la sphère super-héroïque, à l’instar de ce qu’il faisait déjà dans les comics. Le premier film avait réussi son pari, s’assumant, plein de clins d’œil, de gags et de vannes bien orchestrées pour faire mouche. Vient donc la suite, Deadpool 2, promise depuis le premier film, une suite à propos de laquelle je m’étais refusé toute attente, tout en étant assez curieux.
L’éternel risque avec ce genre de suite, c’est le naufrage dans la surenchère, abusant des ressorts qui ont fait le succès de l’opus précédent sans rien apporter de neuf. Le constat est que Deadpool 2 semble bien vouloir se distinguer de son prédécesseur sur plusieurs points et d’apporter des nuances, tout en conservant les éléments qui ont fait la réussite du premier pour perpétuer la tradition et s’assurer la fidélité des amateurs. Mais ce virage est-il profitable ? Pas vraiment. En effet, au sortir du film, on se rend compte qu’il semble bien se scinder en deux parties, aux qualités très disparates.
La première moitié du film tente de mettre Wade Wilson dos au mur, de le soumettre à des questionnements et, en quelque sorte, apporter une forme de maturité à un scénario souvent basé sur des ressorts comiques où le héros prend tout à la légère. Le souci principal de cette volonté d’apporter de l’émotion et du drame au récit réside autant dans la démarche que dans la manière dont le problème est abordé. Car la frustration est double, on assiste à une sorte d’attendrissement de Deadpool, visant à donner de la profondeur au personnage, mais, au lieu d’être un apport à l’histoire, cela a tendance à se transformer en une accumulation de longueurs et de répétitions, entre scènes larmoyantes et discours très clichés qui en deviennent presque ridicules.
Car Deadpool pouvait être mis en avant et développé différemment, en assumant totalement son côté barré et violent, pour le mener à dézinguer plein de méchants tout en restant dans un registre comique, comme on a pu le voir dans le premier film. Ici, on cherche trop à donner du cœur à ce héros qui n’en est pas vraiment un, et qu’on ne veut pas vraiment voir comme un héros. Pour ça, les Avengers suffisent et font l’affaire, Deadpool doit se différencier, or, ici il se rapproche trop des codes de film de super-héros classique. Étrangement, la seconde partie du film reprend un rythme et un style plus familier, où le spectateur retrouve ses repères, avec beaucoup d’autodérision et de surprises, et aussi l’apport de Cable et Domino notamment, qui ajustent le tir et permettent de donner de la consistance à Deadpool, mais d’une manière plus judicieuse.
Finalement, les deux parties semblent s’équilibrer, mais le sentiment de longueur provoqué par la première partie du film empêche d’avoir un ressenti totalement positif. David Leitch sait toujours filmer les scènes d’actions et donner du punch à son film, mais la construction des scènes plus intimes et lentes, autant dans la forme que dans l’écriture, alourdissent énormément ce Deadpool 2 pour le mener à un essoufflement prématuré. Il y avait moyen, sans être dans la redite, d’exploiter le filon mis en lumière par le premier pour donner une vraie place à Deadpool dans l’univers des super-héros et perpétuer la saga. Ce n’est pas un échec retentissant, mais on ressort avec un goût d’inachevé et beaucoup moins de surprise que dans le premier film.