Death Note
3.5
Death Note

Film de Adam Wingard (2017)

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En préambule quelques éléments de contexte : nous confessons notre ignorance du manga de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata adapté ici mais sommes en revanche fans du travail d’Adam Wingard, qui avait explosé avec You’re Next fantastique relecture du slasher-movie et The Guest qui appliquait la même recette aux séries B d’action des années 80. Après la déception de son revival de Blair Witch nous attendions avec une certaine impatience ce Death Note premier vrai gros budget géré par ce dernier avant de s’attaquer au futur King kong vs Godzilla. Dés son ouverture Wingard inscrit Death Note dans la tradition des films des années 80-90 et nous ramène à une ambiance à la Nightmare on Elm Street avec l’irruption du fantastique dans un quartier pavillonnaire de la banlieue américaine et la présence sardonique de Ryuk le démon à qui Willem Dafoe prête sa voix, qui évoque celle de Freddy Krueger. Son protagoniste Light Turner (Natt Wolff) élève isolé, secrètement amoureux de la populaire cheerleader Mia (Margaret Qualley) qui vient de perdre sa mère et entretient avec son père policier (Shea Whigham) des relations tendues est un personnage typique de ces productions. Sa vie se trouve bouleversée quand il entre en possession d’un mystérieux carnet qui lui permet de provoquer la mort, de la façon dont il le souhaite, d’une personne dont il connait le visage s’il y écrit son nom. Les morts provoquées par le sinistre volume avec leur enchaînements de coïncidences entraînant une issue fatale font écho à celles des Destination finale même si les plus anciens reconnaîtront (en particulier dans la première d’entre elle) un hommage à une scene fameuse de la Malédiction de Richard Donner. L’occasion pour Wingard de nous gratifier de petits éclats gore bienvenus. Si le démon Ryuk est mis en avant dans la promotion du film il n’en est pas la vedette, c’est d’ailleurs son utilisation parcimonieuse, Wingard gardant savamment la plupart de ses apparitions dans l’ombre, qui en font un personnage efficace (tout comme Freddy dans le premier film de Wes Craven).


A cette mise en place succède une seconde partie plus déconcertante qui voit l’action s’internationaliser et sortir du cadre purement fantastique pour basculer dans le rocambolesque. Light et Mia utilisent les pouvoirs du carnet pour exécuter à distance des criminels impunis dans le Monde entier donnant naissance à un culte autour du mystérieux justicier Kira identité au travers de laquelle ils revendiquent leurs actions. Leur croisade lancent à leurs trousses un mystérieux super-détective L (Lakeith Stanfield) membre d’une société secrète qui forme ses enquêteurs depuis l’enfance (!). Stanfield (pilier de la série Atlanta et vu dans l’excellent Get-out) compose une sorte de Sherlock Holmes hi-tech qui adopte des postures d’oiseau de proie. Ce changement de tonalité sans doute hérité du manga est d’autant plus déstabilisant que tous ces développements et personnages sont introduits de manière un peu rapide. Toutefois le cœur de l’histoire reste dans les relations entre Light et Mia alors qu’ils continuent à apprendre de nouvelles règles qui leur donnent de nouveaux pouvoirs mais engendrent aussi des tensions entre eux liées à leur responsabilité dans les morts qu’ils infligent. L’entente entre Nat Wolff (Nos étoiles contraires) et Margaret Qualley (The Leftovers, la pub Kenzo) fonctionne bien. Qualley qui confirme tout le bien que l’on pense d’elle après The leftovers et The Nice guys de Shane Black (qui développa un temps Death Note tiens tiens ) fait de Mia une véritable partenaire pour Light, loin d’être passive, elle va encore plus loin que lui quitte à semer la mort et la destruction dans son sillage. Wolff transmet bien les conflits moraux que traverse son personnage.


Quand l’action se recentre enfin sur les USA, le film retrouve sa cohérence pour un dernier acte palpitant où Wingard peut enfin déployer pleinement les éléments caractéristiques de son style. Entre une poursuite nocturne dans les ruelles de Seattle (ponctuées de gags visuels une voiture défonce un panneau « drive safely ») dans une atmosphère métallique à la The Terminator et un final baignant dans une ambiance chromatique de giallo à la Dario Argento, rythmé par la pulsation d’un score au synthé oppressant, de nombreux éléments de The Guest sont présents dans ce Death Note dans une version « augmentée » car plus richement dotée grâce au budget alloué par Netflix. C’est le vétéran David Tattersall (La ligne verte, les Ailes de l’Enfer, la prélogie Star Wars) qui éclaire le film, Atticus Ross collaborateur de David Fincher (the Social Networks, Millenium) qui co-signe la partition et les chansons pop utilisés dans la scène de bal de fin d’année du film sont beaucoup plus connues (Take my breath away par exemple).


Malgré une tonalité inégale, une intrigue condensée qui imprime un rythme parfois trop rapide, grâce à son bon casting et l’énergie rétro-80’s de la mise en scène d’Adam Wingard, Death Note est une très bonne série B comme ces pépites hybrides qu’on aimait dénicher dans les vidéo-clubs. Et c’est un compliment!

PatriceSteibel
6
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le 23 août 2017

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PatriceSteibel

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