Death Note
3.4
Death Note

Film de Adam Wingard (2017)

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Drame en ce vendredi 25 août 2017, après de vains efforts qui auront duré plusieurs longs mois, noyés dans la comm' Netflix et les promesses que le film avait conquis les auteurs de l'oeuvre originale eux-mêmes, la sentence est tombée.
Adam Wingard est aujourd'hui reconnu coupable des crimes envers le 7e art pour lesquels il était d'ores et déjà mis en examen. Parmi les charges retenues, d'américanisation poussive, d'escroquerie aggravée au scénario et d'abus de confiance d'auteurs; bref d'être un bon gros forceur.


Le white-washing, c'est le sujet sensible de ces derniers temps, forcés de constater que les idées originales ne se bousculent pas dans les studios, ce qui les amène à cette course folle aux adaptations bidons que nous connaissons.
Mais en soi, une adaptation dans un pays étranger ne se doit pas d'être forcément mauvaise n'est-ce pas?
Quand dès le départ par contre, l'américanisation rend les choses bancales par un jeu d'acteurs englués jusqu'au cou dans des clichés de jeunes américains débiles, cela tourne très vite au ridicule.
Adeptes du manga ou non, impossible d'être séduit par ce Light version US tant les traits qui en faisaient un personnage fort sont ici gommés par l'interprétation.


Le méthodisme implacable, la froideur, l'intelligence, le charisme et le basculement progressif du personnage d'origine vers une folie de puissance sont remplacés par un adolescent un peu à la masse qui dévoile son plus grave secret à la première occasion venue pour conquérir son crush et tirer son coup sereinement. Mi(s)a est ridicule à souhait (la jolie Margaret Qualley est à l'agonie, elle qui avait pourtant convaincu dans The Leftovers ou The Nice Guys).
Voilà le tableau.


Loin d'être ne serait-ce qu'un honnête divertissement, le film prend le parti d'écorcher sauvagement jusqu'aux scènes fondatrices de l'histoire comme l'intrigue des agents du F.B.I ou les méthodes d'enquête de L, ici respectivement expédiées en cinq et deux minutes. En lieu et place, on assiste alors médusés à un déferlement de scènes n'ayant rien à voir avec la licence, notamment une COURSE POURSUITE à base de voitures volées et de coups de feu.


Ceux qui ne connaissent pas Death Note n'en apprendront d'ailleurs pas beaucoup plus sur le livre éponyme, les règles étant reléguées au soixante-douxième plan pour mieux accentuer les morts putassières, bien que plutôt cocasses. Les retournements de situations ratés sont légion. Sortis du chapeau de Ryuk, campé par un Willem Dafoe malheureusement trop en retrait pour ne pas faire d'ombre au génie dramatique qui se joue au premier plan, il n'intéressent ni ne surprennent du fait de leur simplisme et de leur banalité en comparaison aux tactiques de génie du mal dépeint dans la version papier, en plus d'être bâclés sous forme de flashbacks. Certaines des règles fondamentales du Death Note ne sont même pas évoquées, restrictions dues au format certes mais le contenu proposé pour combler ce manque d'espace ne parvient jamais à divertir ni être autre chose qu'un ramassis de clichés formaté régulièrement ponctué de deus ex machina.


A la réal, ralentis à tout bout de champ et réalisation avec des couleurs sombres souvent tranchées par des néons blafards remplissent la check-list Netflix. On rangera même l'OST au placard tant le choix du rock grunge australien est incongru pour un tel film. Je ne sais pas vraiment si c'est du grunge à proprement parler, c'est juste zéro.


A la fois adaptation désastreuse et téléfilm d'une banalité affligeante, Death Note US réalise donc bien le destin funeste qu'on lui promettait, à raison.
Les uns seront atterrés qu'une telle adaptation ait pu voir le jour, les autres se demanderont pourquoi Death Note est un manga si populaire dans le monde. Dans tous les cas, il ne tardera pas à rejoindre les profondeurs du catalogue Netflix.


Prochaine étape dans les créations originales? Bright avec Will Smith. Un film policier avec des orcs, des elfes et des épées magiques dans les ghettos de L.A.
Vous en reprendrez bien une couche?

Ol-Pao
3
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le 25 août 2017

Critique lue 494 fois

5 j'aime

Ol Pao

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