John Boorman est un sacré réalisateur! Il nous l'a largement prouvé en réalisant la meilleure adaptation cinématographique sur la légende du Roi Arthur. Mais huit ans auparavant, Boorman nous avait déjà livré un film remarquable. Son nom: Delivrance.
Tout commence de manière assez banale. Il y a la nature et les hommes. Dans ces derniers, il y a quatre amis qui décident de faire une randonnée sur une rivière. Problème, cette dernière est sur le point de disparaître. En cause, la création d'un lac artificiel qui est donc issu de l'idée des hommes. A travers cela, la nature est donc attaquée, manipulée, violée et quelque part détruite. Directement, et sans que le spectateur ne s'en rende compte, le ton est donné. Ensuite, le petit groupe demande de l'aide auprès de personnes pour qu'ils conduisent leurs voitures à un point de rendez-vous donné. Mais la différence entre les gens issus de la ville et ceux de ses bois, qui nous fait penser qu'ils sont attardés mentalement, est très forte. Cependant, Boorman va directement prouvé le contraire en instaurant une sorte d'égalité entre ces deux types d'humains, aux moeurs de vie totalement différentes. Ainsi, une superbe scène entre un jeune enfant et un des quatre personnages va jaillir de l'esprit de Boorman, où les deux protagonistes vont jouer d'un instrument de musique de manière très efficace et aux allures de country. Elle est tout simplement sublime.
Alors que le week-end va sembler se dérouler normalement pour les quatre amis, avec un début de descente en canoë sans problèmes, les premiers ennuis semblent débuter la nuit. Le personnage interprété par Lewis Medlock (Burt Reynolds) est le plus aventurier des quatre. Et il ne va pas toujours rassurer ses compagnons en pensant parfois entendre du monde. Petit à petit, la tension monte et cette nature semble de plus en plus dangereuse...
Au petit matin, après une partie de chasse à l'arc à flèche, les hommes décident de continuer leur randonnée. On change les groupes de deux et c'est ainsi que le canoë emmené par le personnage de Ed Gentry (Jon Voight) prend de l'avance. Ed est accompagné par Bobby Trippe (Ned Beatty). Ayant pris tellement de longueurs à Lewis et Drew Ballinger (Ronny Cox), que les deux hommes décident de marquer une pause pour se rafraîchir et se reposer. Malheureusement pour eux, cette pause leur sera fatale. Leur randonnée va définitivement se transformer en cauchemar. Deux hommes, issus de la région font leur apparition, armé d'une winchester. Ils vont dès lors en profiter. Bobby sera violé par l'un des deux personnages, alors que le second est attaché. Cette fois-ci, c'est l'homme qui se fait abusé, torturé tant physiquement que mentalement. La nature cachait ses deux personnes. Heureusement, pour Bobby et Ed, Lewis intervient et tue l'un d'entre eux. Alors, conscient de son geste, il demande aux autres de ne pas prévenir la police. Les quatre personnes comprennent bien la difficulté de la situation. Ces quatre personnes, humaines, dotées de sentiments, vont alors faire preuve d'un manque d'humanité total, comme le violeur, et vont décider d'enfouir le corps dans la forêt.
Mais leurs malheurs ne s'arrêtent pas là. La randonnée continue, en quadruple vitesse, comme pour échapper au danger que la nature cache. Cependant, il semble partout et Drew tombe à l'eau et se noie. Ensuite, ils doivent faire face à une chute d'eau qui va occasionner une fracture ouverte de la jambe Lewis. Coup de fusil de l'autre personne, pour expliquer la chute à l'eau? Sans doute se disent les trois survivants. Un face à face entre Ed et la nature semble inévitable. Cette nature, incarnée par cette sorte d'ennemi, souvent invisible, qui leur a causé tant de tort va bientôt toucher à sa fin...
Au final, l'homme gagne sur la nature. Mais Boorman dénonce justement ceci. La nature manipulée et détruite par l'homme peut toujours se venger. Car c'est bel et bien celle-ci qui a créé l'homme. Elle sait comment l'attraper, elle sait comment le détruire. La nature semble être un personnage à part entière dans l'oeuvre du britannique. Et avec ce discours, et part les temps qui courent, on se dit que le film de Boorman est toujours d'actualité. Car il n'a pas pris un ride le bougre. Techniquement il est parfait et il peut compter sur une B.O. très réussie et collant parfaitement à l'esprit du film. De plus le quatuor d'acteurs est génial avec des mentions spéciales pour le duo Jon Voight et Burt Reynolds. Alors, Delivrance, un chef-d'oeuvre? Of course...
batman1985
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le 6 mai 2011

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