Oeuvre à moitié vide, oeuvre à moitié bien, « Des filles en noir » participe à un festival du moment où l’on sort du film interrogatif. Le sujet ambitieux retenu, l’adolescence en souffrance, mérite déjà notre respect. Car il faut bien l’avouer, Jean-Paul Civeyrac, a la matière avec lui. Il a creusé la réflexion et caresse parfois, sur quelques scènes clés, une vraie profondeur démontrant ce mal être pour ce qu’il est, une crise existentielle dont on ne ressort pas indemne. Il ajoute également à ce propos un vrai univers pictural d’inspiration très romantique ; on pense aux clairs obscurs de Füssli ou à des artistes comme Henner, Scheffer… qui participe à l’ambiance sombre et lui confère un côté élégant et raffiné. Trop peut-être… Car et c’est le gros défaut de ce film, l’habillage « gothic » est par trop appuyé. Poses figées des deux adolescentes, discours appuyés à la manière de Kleist : « Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi ! », et le jeu d’acteurs très inégal (une Léa Tissier par trop chichiteuse par exemple) viennent discréditer par moment une œuvre qui aurait pu être puissante mais reste chétive.