Descendants
4.6
Descendants

Téléfilm de Kenny Ortega (2015)

Dans ma récente critique de la version live de Cendrillon, j’avais dit en toute politesse que Disney pissait littéralement sur son héritage. Que le studio aux grandes oreilles reprenait tout ce qu’il avait fait depuis l’âge d’or de son mythique créateur pour l’aseptiser comme pas possible. En gros, je pensais avoir tout vu au point d’appréhender les prochains projets annoncés à la pelle par la production. Jusqu’à ce jour où, pour faire plaisir à une petite fille de ma famille, j’ai dû regarder pour lui faire plaisir ce téléfilm diffusé sur Disney Channel. Et dû faire face à la plus grande exaspération qui m’ait été d’affronter ces derniers mois (depuis Jurassic World en fait).


Pourtant, je dois bien avouer que le concept de base avait de quoi se montrer sympathique, du moins pour les plus jeunes. En effet, reprendre les plus grands personnages des dessins animés Disney, les réunir et leur donner une progéniture qui va poursuivre leurs (més)aventures, cela pouvait donner un divertissement familial d’assez bonne facture. Mais quand j’ai vu le premier extrait promotionnel, à savoir les quatre protagonistes principaux poussant la chansonnette à la limite de High School Musical et ce de manière douteuse (les jeunes étant fiers d’être des « pourris »), arborant des costumes amateurs adéquats pour une soirée Halloween dans des décors en carton-pâte, autant dire que j’ai très vite déchanté. Qui est le réalisateur ? Kenny Ortega, celui qui a justement fait la trilogie High School Musical et assuré la « tournée » d’Hannah Montana/Miley Cyrus ?! Alors c’est normal que Descendants ne vole pas bien haut (on en oublie qu’il a fait Hocus Pocus et travaillé avec des chanteurs internationaux tels que Michael Jackson, Madonna, Elton John et Cher) !


Voilà ce qu’est en gros Descendants : vous prenez l’univers intemporel de Disney et vous le mélangez avec toutes les mauvaises séries pré-ados du style Violetta, vous obtenez un incroyable doigt d’honneur que les plus jeunes ne peuvent qu’apprécier car ne comprenant pas la raison de ce geste. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques de l’ensemble, son statut de téléfilm et donc son faible budget excusant en quelque sorte certains de ses défauts : mise en scène plate, effets visuels de piètre qualité… Cependant, c’est l’aspect High School Musical du long-métrage qui me reste en travers de la gorge. Non pas que j’ai quelque chose envers ce divertissement musical sans prétention, je dirais même que c’est un appréciable plaisir coupable bien rythmé et énergique malgré son côté culcul la praline. Mais que l’on afflige ça à l’univers Disney, je dis non !


Car prendre des personnages emblématiques et les balancer sans génie dans une véritable bouffonnerie où s’enchaînent répliques insipides, situations grotesques, gags à ras les pâquerettes et une atmosphère bien plus rose bonbon que le Cendrillon de Kenneth Branagh, c’est véritablement pisser sur son héritage ! Il suffit de voir les personnages, qu’ils soient bons ou méchants : les premiers étant de grands idiots sans charisme et les seconds des comiques qui ont définitivement perdu de leur aura diabolique (pauvre Maléfique). Et si certains d’entre eux sont reconnaissables, d’autres sont carrément loupés au niveau du look (mention spéciale à Cruella et Jafar), n’ayant hérité que le nom de leur modèle animé respectif. Je ne suis pas contre l’idée de faire une parodie de l’univers Disney. Et Descendants aurait très pu aller dans cette optique-là pour véritablement amuser. Malheureusement, cela ressemble plus à un mauvais opus de Scary Movie pour enfants que ça en devient gerbant.


Et ce n’est pas fini ! Car là où le téléfilm se vautre également, c’est dans son aspect High School Musical. En effet, pour un divertissement qui propose sur le papier des séquences chantées et donc un minimum dansées (Disney oblige), nous avons droit à des morceaux d’une nullité sans nom (allant de l’affligeant Rotten to the Core à une reprise blasphématoire à la sauce Glee de Be Our Guest) et un incroyable manque de panache dans les chorégraphies (quasi inexistantes pour le coup). Comment peut-on s’amuser une seule seconde devant un tel produit qui s’acharne à livrer du clin d’œil en rafale et de négliger autant sa forme ? Peut-être grâce aux comédiens qui, même s’ils ne sont pas vraiment talentueux, se régalent de faire partie de l’aventure. Seulement voilà, le plaisir n’est franchement pas partagé !


Cela me désespère de voir à quel point les studios Disney envoient valser de la sorte son patrimoine. Mais c’est encore plus navrant de voir que cela marche : produits dérivés en vente, audiences honorables, d’assez bonnes critiques, second opus en préparation… Montrer Descendants à nos enfants est comme les mettre devant un film live Scooby-Doo ou bien Les Schtroumpfs : ils vont aimer cela malgré une qualité aux abonnés absents et surtout oublier les œuvres d’origine, à des années lumière de ces bouses intersidérales.

sebastiendecocq
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le 4 nov. 2015

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