Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps, tu deviens raciste

Jonas, fils d'Alfonso Cuaron, prend la caméra et la plume dans un film produit par son illustre père. Il nous livre une sorte de Gravity dans le désert, mais teinté de violence. C'est un survival intense et étouffant, qui va un peu pêcher sur la fin.


Par une belle journée ensoleillée, Sam (Jeffrey Dean Morgan) a décidé de partir à la chasse avec son fidèle chien Tracker. De son côté, Moïse (Gael Garcia Bernal) a eu la mauvaise idée de vouloir passer la frontière avec quelques compatriotes, le même jour. Ils n'étaient pas fait pour se rencontrer et on va vite comprendre pourquoi....


Dans le désert, personne ne vous entend mourir. La nature est hostile, mais Sam (Jeffrey Dean Morgan) est bien plus dangereux. On ne nous présente pas ce sympathique personnage, mais on devine rapidement que le racisme et la violence coule dans ses veines. C'est un sociopathe, surement un ancien militaire où un frustré de la vie. Sa passion semble se résumer à tuer, avec de préférence une bouteille de whisky et en compagnie de son seul ami, son chien Tracker. Il a bien sur un amour immodéré pour son fusil et son pick-up où flotte fièrement le drapeau confédéré. Malgré 49° au soleil, il ne peut s'empêcher de sortir buter du lapin. Mais les dieux lui semblent favorables et vont mettre dans son viseur des migrants mexicains venus trouver la richesse et le bonheur sur les belles terres accueillantes de l’Amérique.


Un film âpre et nerveux. Les errements sur la fin, ne gâche pas trop le plaisir éprouvé devant ce récit simpliste, mais efficace. On est pris dans le feu de l'action, en se demandant comment ils vont pouvoir échapper à ce psychopathe. Ils sont dans une zone désertique et ne connaissent pas les lieux, ni la direction à prendre pour se retrouver aux Etats-unis. Tout est contre eux, même un chien, c'est dire comme l'univers s'en tape totalement de leurs sorts. Pour les passeurs, ils sont une manne financière. Pour Sam, ce sont des étrangers venus voler le hamburger des bons américains et pour la nature, des intrus. Le racisme est représenté par le personnage de Sam. Un prénom qui ne semble pas innocent dans le pays de l'oncle Sam, comme celui de Moïse. La subtilité n'est pas de mise, mais on attend de voir s'il va ouvrir le désert pour emmener les siens à la terre promise.


Un chasseur et ses proies. Sam et Tracker vont se régaler en traquant et tuant ces innocents. Quand la violence frappe, elle est percutante et nous prend aux tripes. Le film devient intense et la musique de Woodkid s'intensifie dès que l'action s'accélère. Elle colle parfaitement au tempo du récit et participe à créer une atmosphère étouffante. Comme dans Gravity, il y a peu de dialogues. Sam parle à son chien et ses proies n'ont pas le temps de taper la discute, trop occuper à reprendre leurs souffles en évitant de se faire repérer. Des vies sont en jeu, mais surtout celle de Moïse (Gael Garcia Bernal). Cela va devenir un duel Sam contre Moïse. Ce choix rend le film moins palpitant, avec Sam devenant moins doué pour toucher sa cible, alors que jusque là, il tutoyait les sommets. Cela devient répétitif et prévisible. On tourne en rond et surtout autour d'un rocher, en attendant que l'un des deux assène le coup fatal, où pas. Le film s'étire face à l'absence d'imagination des scénaristes, ne sachant pas comment exploiter cette bonne idée, ni même nous offrir une fin décente.


C'est un film violent et éprouvant, avec un duel Jeffrey Dean Morgan/Gael Garcia Bernal intéressant. La forme tient le spectateur en haleine, alors que le fond se fait très discret. Un survival movie efficace, mais à bout de souffle sur la fin.

easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 18 avr. 2016

Critique lue 435 fois

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 435 fois

D'autres avis sur Desierto

Desierto
Sergent_Pepper
6

A force with no name.

Le désert, des migrants mexicains, un texan psychopathe bien décidé à régler le problème de la porosité des frontières à sa manière : le scénario de Desierto tient sur l’épine d’un cactus...

le 6 nov. 2016

31 j'aime

2

Desierto
LeBlogDuCinéma
5

chaud bouillant... Mais vide

DESIERTO est un film sincère. Il voudrait faire passer un message sur la situation du monde, sur la réalité de l'immigration. Mais déjà, ce message ne passe pas frontalement. S'il s'agit...

le 5 avr. 2016

18 j'aime

3

Desierto
Black-Night
7

Critique de Desierto par Black-Night

Desierto est un bon film. Un thriller brutal, parfois intense et réaliste qui avait vraiment l’atout pour être un grand film mais qui reste un poil décevant mais un bon premier film tout de même pour...

le 27 avr. 2016

11 j'aime

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

63 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8