Luc et Jean-Pierre Dardenne nous invitent donc à suivre les traces de cette femme bordeline remarquablement interprétée par Marion Cotillard et qui méritait son "prix d’interprétation féminine". Dans le portrait de cette femme fragile, c’est évidemment encore une fois une critique du capitalisme dans toute sa férocité que nous propose les deux frères. Et comme d’habitude c’est avec empathie et sans jugement ni manichéisme que les Dardenne construisent un récit où l'on découvre une dizaine d’ouvriers et d'ouvrières d’aujourd’hui, avec pour chacun des arguments (ou pas) pour expliquer (ou pas) leur situation par rapport à ce choix. Si le film peut sembler assez vite répétitif (les réalisateurs faisant le choix de monter à chaque fois les échanges entre Sandra et ses collègues dans leur intégralité), c’est sans doute pour insister sur l’aspect cruel et douloureux de cette démarche.
Mais malgré ses qualités évidentes, "Deux jours, une nuit" ne restera pas comme le film le plus important des frères Dardenne, avec pour la première fois des acteurs pas totalement convaincants (hormis évidemment Marion Cotillard) et une résolution finale un peu bancale et à laquelle on croit moyennement.