"Vous l'avez fait... SOYEZ MAUDITS !"
Ce n'est pas Charlton Heston qui crie mais bien le cœur des fans de la série Die Hard après le visionnage de ce cinquième opus. Piège de Cristal restera à jamais une sorte de Citizen Kane du cinéma d'action, et ses deux suites directes ont fait perdurer cette aura (surtout le 3). Puis vint Die Hard 4, dans lequel on avait bien du mal à retrouver le John McClane que nous aimions tant. Malheureusement, le pire restait à venir avec cette Belle journée pour mourir (oui, même le titre est une boutade !).
Il y a quand même du positif : dès sa première scène, on découvre un John McClane vieilli et affaibli. Il n'est plus le vieux-beau invincible et propre sur lui du précédent opus. Une bonne nouvelle puisqu'il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est vulnérable. C'est également avec plaisir que l'on retrouve des sonorités de feu Michael Kamen dans le score de Marco Beltrami.
Et puis... euh... bah, c'est tout ! Parce qu'après dix minutes, le film ne fait déjà plus illusion. Par où commencer ?
Le scénario peut-être ? Encore faut-il le trouver ! Les enjeux ne sont jamais clairs, les personnages n'ont aucun relief (les interactions entre John et son fils sont tellement plates !) et l'intrigue, qui se révèle au bout d'une heure de film, est un gros délire crypto-geek à tendance conspirationniste. Le scénariste Skip Woods (X-Men origins: Wolverine et Hitman, c'est lui) nous prouve qu'il est un gros imbécile. Il n'est même pas fichu de savoir que Tchernobyl se trouve en Ukraine, à environ 1000 km de Moscou, et qu'il faudrait près de 12 heures de route pour faire le trajet en voiture (Google Maps, ça peut aider).
Les scènes se suivent dans un bordel sans nom. On se retrouve bien souvent dans des situations totalement invraisemblables. Très vite même, dès la première scène d'action : une course poursuite en camions. McClane y fait preuve d'une connerie encore jamais rencontrée jusqu'à présent en roulant sur les toits des voitures des pauvres Moscovites qui n'ont rien demandé, ou en leur foutant carrément son poing dans la gueule (comme ça, gratuitement). Cette scène est d'ailleurs filmée et montée n'importe comment ! Où est passé la mise en scène cohérente, ludique et fluide de John McTiernan ? Ce dernier privilégiait les travelings et panoramiques afin de rendre ses séquences d'actions totalement lisibles par le spectateur. Mais pour ce nouveau film, nous avons John Moore (le film Max Payne), avec sa caméra embarquée et ses zooms / dézooms intempestifs qui trahissent sa volonté de copier les Bourne de Paul Greengrass. Au cas où on n'aurait pas compris le lien avec la saga portée par Matt Damon, la photographie (d'une laideur sans nom) a recours à des filtres verts et bleus saturés à l’extrême (c'est pire que dans Die Hard 4).
Côté casting, on n'a jamais vu cela dans un Die Hard : les bad guys n'ont aucun charisme et on cherche encore leur leader. C'est pourtant un ingrédient important dans cette franchise quand on pense aux prestations d'Alan Rickman, Franco Nero, Jeremy Irons... et même Timothy Ollyphant. Jai Courtney, qui interprète McClane Jr., aurait peut-être pu être bon si son personnage avait été mieux écrit. Quant à Bruce Willis, qui ne s'était déjà pas foulé sur Die Hard 4, il semble totalement déconnecté et abattu, comme le prouve son insipide Yippee Ki Yay.
Triste constat : Die Hard : Belle journée pour mourir est tout simplement l'un des plus mauvais film sortie en salle depuis longtemps. La faute à un réalisateur qui ne sait absolument pas mettre en scène (ça a au moins le mérite de susciter des vocations chez tous les amateurs qui se savent capables de faire mieux) et à un script rachitique, vulgaire et idiot, à mille lieues de celui d'Une journée en enfer. Le pire, c'est qu'il y avait du potentiel : utiliser les épisodes 4 et 5 pour voir McClane se rabibocher avec ses enfants était une riche idée, mais il manque, dans ces deux opus, une vraie compréhension du personnage campé par Bruce Willis, ainsi qu'une connaissance du cinéma d'action. Il ne reste plus aux fans qu'à sécher leurs larmes et à lancer une pétition pour que John Moore prenne la place de John McTiernan en prison. FREE JOHN McTIERNAN NOW!