Le premier film de Kurosawa en couleurs, le premier aussi après sa rupture avec soin acteur fétiche jusqu’alors, Toshiro Mifune. Étrange film, fait de petites scènes intimistes dépeignant la vie d’une espèce de bidonville où les êtres font leur possible pour survivre. Il y a des alcooliques, des femmes de mauvaise vie, des voleurs, un vieillard philosophe, des mendiants, des rêveurs… C’est l’enfant innocent qui sera finalement la victime de cette tranche de vie sans concessions, filmée d’une manière un peu plus extravertie que ce que Kurosawa nous avait habitués jusqu’ici. On a là en germe les futurs grands tableaux colorés qu’il nous donnera par la suite (Ran, Kagemusha) mais avec un intimisme qui fait le lien avec la première partie de son œuvre. C’est donc un film charnière de l’un des plus grands auteurs de tous les temps et de tous les pays, à voir sans aucun doute.