Dogville : le procès de l'Humanité

J'aurais mis du temps à la voir ce film, et après le visionnage, je suis restée jusqu'au bout du générique, non moins original d'ailleurs, pour rester imprégnée de cette ambiance hallucinante !
Waouh ! La violence qui se dégage de ce film est complètement folle. Violence physique bien sûr, puisque la pauvre Nicole Kidman au visage d'ange n'est ni plus ni moins que l'esclave sexuelle du village, mais également une violence morale totalement inédite.

Cette violence est carrément amplifié par la voix off ironique qui nous raconte l'histoire, de façon détachée et naïve, presque enfantine finalement (un aspect de "conte" par les chapitres), et par la mise en scène originale et dépouillée qui nous offre de nous concentrer uniquement sur les personnages et leur déshumanisation inquiétante ...

La fin est évidemment l'écho et l'apothéose de toute cette violence, clairement physique ici puisque c'est de la vengeance pure et simple, mais aussi morale, puisque comme dans tous les films de l'excellent Lars Von Trier, les métaphores, images et autres sens caché (on peut parler des chiffres 7 statuettes, 9 chapitres etc ...) sont omniprésents. C'est ce cinéma imagé et allusif que j'affectionne particulièrement, chaque spectateur y voit quelque chose de différent, même si au final, le réalisateur n'est pas bien sûr non plus de ce qu'il nous montre lui même.

Enfin, comme souvent chez Lars Von Trier, la Bible est souvent présente sous-entendue ici par Grace qui est peut être une sorte de représentation du Messie (" le cadeau attendu"), le chien Moïse, Martha, Tom qui se dit guide morale et spirituel de la ville, et enfin ( ici je ne parle que de ma propre réflexion) les villageois qui utilisent Grace pour une sorte de "rémission des péchés". Peut être que L.V.T nous montre que les hommes ne sont pas près d'aider leur prochain et, une fois de plus, iront même jusqu'à le dénoncer.

En gros, LVT présente l'Homme comme rongé par ses défauts, incapable d'aimer, et que quoiqu'il fasse il est voué à l'échec, à la mort, et au feu de l'Enfer (Dogville est ravagée par les flammes à la fin), bref, c'est pas très glorieux !