Donnez des thunes à Brian, bordel.

C'est un film assez douloureux, parce que c'est la première fois que Brian De Palma n'a pas le final cut d'un film depuis Get To Know Your Rabbit... en 1972. Et au final il souffre des mêmes défauts : des plans extrêmement complexes, calculés pour être montés de façon chirurgicale, que le monteur doit assembler comme il peut sans la présence du réalisateur.

Quand on connaît le cinéaste, on y voit toutes ses obsessions : les différents points de vue d'une même scène, le traumatisme à la fois du film Zapruder et de la guerre du Vietnam, le double voire triple-jeu... et c'est honnêtement suffisant pour voir où il voulait en venir : adapter la violence de l'image de l'assassinat de Kennedy subie par la jeunesse des années 60 au terrorisme des années 2010 (même si le film se passe en 2020, il a quand même un sacré goût de l'Europe de 2015...).

Est-ce que ça vaut le coup de le voir quand on est pas aussi obsédé par De Palma que moi ? Peut-être oui, rien que pour l'acte fascinant qu'est celui de regarder un objet cinématographique clairement pas fini, en essayant de recréer le puzzle de ce que ce film aurait pu donner avec plus de moyens, un meilleur casting, un autre chef-op (José Luis Alcaine c'est plus possible) et un montage en la présence de De Palma.

A regarder dans la foulée de Redacted et Outrages (Casualities of War), qui forment une sorte de trilogie essayant de traiter les victimes de la guerre sous trois prismes à chaque fois assez uniques.