Et Tony Scott découvrit Windows Movie Maker

Mon dieu, mon dieu, mon dieu. Comment ais-je pu regarder ce film jusqu'au bout ? Deux heures à me poser la question et finalement la réponse est simple. Keira Knightley. Je suis faible, mettez-moi une jolie fille devant le nez et je peux rester là, abruti, comme un chien suivant une sucrerie du regard. Et Tony Scott l'a bien compris. Keira c'est un peu sa garantie "retour sur investissement", car pour le reste c'est le néant le plus absolu.

On y retrouve tout les ingrédients d'une grosse daube. Des clichés à la pelle, le poisson qui meurt lors d'un moment critique (pitié !), les dialogues à la mort-moi le noeud avec ce mec qui débarque dans le désert tel un apôtre de Jésus (pitié !), des personnages manichéens (comment Keira Knightley a t-elle pu accepter ce rôle ?) avec les habituelles histoires d'amour à deux balles (la fille qui débarque et fout la merde chez les deux meilleurs potes), des plans qui changent toutes les deux secondes pour faire croire qu'il y a de l'action, sans oublier la vieille star déchue obligée de racoler dans l'espoir de revenir un jour sur le devant de la scène hollywoodienne, en la personne de Mickey Rourke. La réalisation est mauvaise, des plans inutiles en veux-tu en voilà, cette manie de changer toutes les deux secondes, les ellipses absolument inutiles, la narration ridicule de Domino racontant son histoire (technique utilisée lorsque le réalisateur sait pertinemment que son film pue la merde parce que sans queue ni tête), une musique insupportable et des effets cache-misère pour montrer que le mec maîtrise son Windows Movie Maker. Des effets que j'avais l'habitude d'utiliser lorsque je réalisais des diaporamas photo en hommage à Scarlett Johansson pendant mon adolescence. Des effets qui donnent envie de commettre un homicide.
Et alors que l'on croyait avoir touché le fond, alors que l'on croyait avoir frôlé la mort, voilà qu'elle nous rattrape sur la dernière scène, un feu d'artifice du ridicule grandiose, lorsque Keira se range définitivement de ce monde des hors-la-loi. On la voit alors, nager dans une piscine, sortir sa tête de l'eau, regarder sa mère, qui l'a abandonné, alors qu'elle était toute petite, comme une grosse salope pour vivre sa vie de poule de luxe, et lui dire "je t'aime maman". Non mais sans blague, Tony Scott veut nous faire croire qu'une telle blessure disparaît en l'espace d'un plouf et deux brasses dans une piscine ?

Mais le pire dans tout ça, je crois bien que ce sont les dialogues, qui ressemblent étrangement à ceux que j'écrivais lorsque j'avais 12 ans, quand je m'étais mis en tête de devenir réalisateur. Alors soit je suis un génie qui s'ignore, soit Tony Scott est un des plus mauvais réalisateur que je connaisse. D'après sa filmographie, j'opte plutôt pour la deuxième solution, bien que la première me plaise aussi. En regardant la liste de ses long-métrages je remarque qu'il est l'auteur de Man on Fire, réalisé un an avant Domino, et de Déjà Vu, réalisé un an après Domino. Et là tout s'explique. Les immondes effets d'image étaient déjà là pour Man on Fire, une histoire absolument ridicule dont seuls les US of A ont le secret avec un Denzel Washington jouant l'homme providentiel, rôle qu'il reprendra dans Déjà Vu, un film d'action improbable censé faire des noeuds au cerveau mais qui finalement est un peu le Inception du pauvre de ce coté-là. Le pire c'est qu'à l'époque, déjà, j'avais lutté pour regarder cet étron jusqu'au bout. Mais hors de question de lâcher l'affaire, j'avais quand même payé ma place.

Alors qu'est-ce qui sauve ce film de la mort ? La plastique de Keira Knightley, absolument fabuleuse. Pendant deux heures on a envie qu'elle nous insulte et nous frappe, on a envie de l'attraper par les cheveux et lui faire sauvagement l'amour sur le capot d'une voiture encore chaude. Puis voir ces imposteurs qui ont joué dans Beverly Hills se faire ramasser la gueule par Keira c'est quand même sacrément bandant. Et on remercie Tony Scott d'avoir accordé sa confiance à Mickey Rourke, parce que ce mec, même s'il a un peu déconné dans sa vie, il a toujours été honnête.
MC_Sauteuse
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le 24 déc. 2011

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MC_Sauteuse

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