Douze Hommes en colère par Samskeyti
Je suis obligée de dire que je pense qu'il est surnoté parce que c'est un vieux film en noir et blanc.
12 jurés assistent à un procès, on les suit lors de leurs délibérations pour juger de la culpabilité ou non de l'accusé. Tout le monde pensait le verdict tout prêt sauf un qui va amener les autres à se questionner sur leurs certitudes.
Bon, depuis 1957 le concept a eu le temps d'être du vu et du revu, je laisse donc de côté le simple fait que ce genre de huis clos est épuisant ne serait-ce que pour ça puisqu'ils ont sans doute eu "la prime de la nouveauté" à l'époque.
Seulement voilà, c'est assez lent et le plus gênant ce sont les mouvements des personnages. Un huis clos est toujours délicat à mettre en oeuvre alors on trouve des excuses bidons pour que les personnages se lèvent, occupent l'espace, qu'il y ait un minimum de mouvement. Et c'est exactement ce qui se passe là. En soi ça ne me dérange pas sauf que tout semblait ultra pas naturel. Comme une partition de musique bien millimétrée "là tu dois te lever alors tu le fais, peu importe si ça ne sert à rien et que ça ne fait pas naturel".
Les acteurs sont sympathiques même si niveau du caractère ça n'est pas l'extase. Le trip du juré (THE ONLY ONE) à être posé et qui réfléchit réellement à la situation parce que c'est le seul à s'en soucier m'énerve. Cet air de messie sage qui vient prêcher la bonne parole m'agace un peu. Avec des personnages un peu caricaturaux (mais pourquoi pas) qui ont chacun un discours limité qui ne sert juste qu'à confronter le "héros" à de nouveaux arguments répartis entre chacun pour être mis en valeur en réfutant chacun d'eux.
De plus, les arguments de cette parole d'Evangile sont souvent bancals et au final c'est là que j'ai bien aimé. Ce film rappelle bien qu'il n'est pas question d'être certain de l'innocence de la personne pour voter "non coupable" mais seulement d'avoir un doute raisonnable sur la culpabilité de la personne. C'est bien connu et pourtant la formule est tellement galvaudée qu'on en oublie le sens.
Du coup, lorsqu'il exposait des théories tarabiscotées je me disais "bon je sais que c'est le héros mais abusez pas, il ne peut pas certifier ses petits tests comme étant sûrs dans de telles conditions" mais là n'était pas la question, c'est juste qu'il y avait un doute et parmi ses suppositions les plus folles, certaines amenaient un doute raisonnable. Il n'est pas question de se dire "et si jamais il est réellement coupable et que je le laisse sortir ?", la pensée a été rationalisée (selon la situation c'est pour le mieux ou pour le pire), pas la peine de partir dans des considérations autre à partir du moment ou un petit doute s'est installé.
Et c'est là que ça montre le côté effrayant de la chose. Le travail des jurés dans ce film a été celui qu'aurait dû avoir l'avocat de la défense et celui de l'accusation car tous ces petits doutes auraient trouvé des réponses lors du procès. Les jurés auraient eu REELLEMENT toutes les cartes en mains et pas un tas d'autres questions et de se dire "bon bah au final le procès n'a pas bien éclairci toutes les facettes du dossier donc on va dire non coupable parce que c'est trop douteux pour pouvoir statuer unanimement sur sa culpabilité". J'ai trouvé que montrer ça était vraiment horrifiant et c'était tout l'intérêt du film de soulever cette question même si ça n'est pas clairement allé jusque là.
Alors non je n'ai pas découvert que le système judiciaire avait pleins de défauts (on ne peut pas lui en vouloir, ce ne sera jamais une science exacte donc ce n'est pas non plus sciemment voulu et foncièrement méchant) mais c'était amené d'une manière qui m'a plus interpellée.
Au niveau de l'intrigue c'est le néant mais c'est un choix comme un autre. L'histoire tourne plus autour de la réflexion sur ce dont je viens de parler, au final on ne saura pas si l'accusé était vraiment le coupable ou non et on s'en fout un peu. C'est un parti pris intelligent car montrer qu'ils avaient bien fait parce que ce petit venant de quartiers pauvres était innocent ou que la nullité du procès les avaient conduits à faire sortir un dangereux criminel aurait anéanti tout le reste. Bah oui, on aurait été plus concentré sur ce gentil ravissement ou cet incroyable rebondissement qui aurait eu pour effet de prôner telle ou telle mentalité. "fuck le système judiciaire, c'est comme ça qu'on fait sortir des salauds !! 'tain ce twist final c'est trop triste" ou "wow, c'est tellement fort, grâce à la réincarnation de Jésus ce petit innocent va pouvoir vivre... Quelle émotion !", là ça reste complètement neutre "on fait le job, quelle que soit la vérité elle a autant de chance d'être l'une que l'autre, y a pas forcément d'incroyable injustice ou de happy end mielleux".
Je sais pas si je m'explique bien mais c'est comme ça que je l'ai ressenti.
J'étais donc partie pour mettre un 2,5 pour le plaisir quand même qu'il y a dans l'ambiance d'un vieux film en noir et blanc et pour la réflexion qui l'accompagne.
Je vais finalement mettre un 3 puisque je me suis rendue compte en critiquant le film qu'il y avait un peu plus de matière que ce que je pensais (en tout cas pour moi). Malheureusement je n'irai pas au-dessus puisque niveau de la mise en scène je reste sur une impression de surfait dans les comportements et que par moments c'était long alors qu'on savait que le "héros" ferait entendre raison à tout le monde, c'était un peu trop facile malgré tout.