Voir la vie en grand ne réduit pas ses problèmes pour autant

Ces dernières années ont permis à la comédie de manifester diverses manœuvres satiriques, notamment en utilisant la science-fiction comme arrière-plan. Alexander Payne signe donc un come-back avec un sujet pointilleux et ambitieux au nom de l’environnement. Après un « Monsieur Schmidt » et « The Descendants » touchants et un formidable « Nebraska », le réalisateur Américain ne joue pas dans la petite cour et compte bien démontrer qu’une variété de style peut attirer davantage de regard sur ses discours. Cependant, la problématique aurait beau épater sur le papier, sur le grand écran c’est plus complexe. Réduire les coûts et les dépenses devrait préserver un maximum de ressources pour la population mondiale. Car oui, il est bien évident que la famine, en plus du traitement de tout type de déchets, ne sont plus que des questions vitales pour un avenir saint et durable.


Le procédé de miniaturisation cellulaire, qui consiste à réduit la taille humaine à la hauteur d’un smartphone, délivre tout un panel d’avantages que l’on prend soin de présenter en ouverture. Il s’agit d’un prestige que chacun aura le privilège de tutoyer à la condition que l’on accepte le caractère irréversible du processus. Ce changement radical change toute une vie et c’est pour se mettre dans une situation confortable que Paul Safranek (Matt Damon) et son épouse Audrey (Kristen Wiig) tentent l’expérience. Et derrière, on trouve tout un univers riche et pourtant pas si loin de la réalité qui les obsédait avant leur déménagement. L’Américain moyen y trouve fortune, mais il existera toujours un rapport de force entre les classes sociales. Le ratio dans la conversion des avantages est identique pour tous et le problème reste donc inchangé.


On souligne très bien l’atmosphère négligé par une population qui jouit d’une liberté qui rime avec paresse. Dès la rencontre avec Dusan Mirkovic (Christoph Waltz), on abandonne le côté cohérent, créatif et original qui orme tout le concept du rétrécissement. Nous sommes ramenés aux questionnements de base concernant les limites de cet univers. Ce tout petit monde ne peut se suffire à lui-même et il existe une cohabitation que l’on n’exploite pas du tout. Il existe une complémentarité chez les individus réduits qui dépendent des personnes de taille naturelle. Sans eux, il n’y a plus de ressources, bien qu’elle soit durable pour un moment. Nous ne pourrions comparer cette expérience à la conquête d’une nouvelle « Amérique » car ces personnes n’arrivent pas tous égaux sur ces terres inconnues, car l’hostilité n’est amenée que par la richesse respective de ses occupants.


On passe ensuite à un drame idéologique suite à la venue de la dissidente Ngoc Lan Tran (Hong Chau). Le récit sombre alors dans un mélodrame particulièrement hors contexte, comme si l’on oubliait le postulat de départ pour développer une toute autre intrigue. Il est question d’autrui et de leur bien-être. La solidarité énonce sa définition dans le soutien moral et physique des autres avant le confort de soi. Le personnage nous apprend à aimer et à préserver le bonheur que la machine ne manque pas de promettre sans rien garantir.


On découvre ainsi avec disgrâce que la problématique est déplacée dans une intrigue qui nous guide vers un ultime espoir. « Downsizing » enchaine alors les thématiques et rend confuse la lecture de l’intrigue, qui s’égare dans ce qu’elle a créé. Bien évidemment, on en rit. On y trouve constamment des situations comiques qui ne blessent personnes mais qui nous rapproche davantage des personnages pour qui on découvre une audace sincère. Et tout le long du métrage on s’interroge sur la condition humaine, plus encore vers le dénouement et on ne se prive pas ne noyer le spectateur dans le désespoir le plus total, sans lui proposer d’issues alternatives.

Cinememories
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le 31 janv. 2018

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