La seule chose qui a vieilli dans ce film ce sont les acteurs. Keannu Reeves ne jouait déjà pas au début de sa carrière, on a vraiment l'impression qu'il n'en a rien à secouer de participer à l'adaptation d'un des plus grands romans fantastiques avec l'un des plus grands réalisateurs américains. Heureusement qu'on a Gary Oldman qui cabotine comme un cochon mais parvient à développer ce mélange de charme et de terreur propre au personnage.
Ayant bien le livre en tête, c'est d'ailleurs la première fois que je revoyais le film après avoir lu le roman, j'ai vraiment trouvé l'adaptation fidèle, parfaitement réussie. Coppola a su tailler là où il fallait pour proposer un condensé de Bram Stocker sans occulter la moitié des scènes. On aurait peut-être aimé passer un peu plus de temps dans le château et le calvaire de Lucy perd de sa montée en puissance très lente dans le livre.
Mais le plus important ici est évidemment la mise en scène complètement folle de Coppola. Il se lâche complètement et pond quasiment une idée géniale par plan. Le fameux travail sur les ombres au début du film est extraordinaire et provoque immédiatement un malaise. On pourra parfois trouver un peu kitch certains enchaînement de plans, je le vois plus comme un délire baroque où chaque effet a été poussé à son maximum. L'ombre d'Argento plane sur le film.
Malgré ses 25 ans, les trucages sont d'une efficacité redoutable, notamment les différents visages du Comte.
Voilà un film qu'on a tendance à oublier, mineur dans la carrière de son réalisateur (en même temps quand on voit ce qu'il a offert avant...), Bram Stocker's Dracula est à redecoubrir, en haute définition si possible tant les images sont magnifiques.