Dredd. Judge Dredd. Cette simple évocation suffit généralement à faire du caïd du quartier la plus grosse trouillarde qui n’ait jamais été enfantée. Car la loi c’est lui et c’est armé de son plus gros pétard et de son sourire de constipé chronique qu’il compte bien la faire respecter.

Comic book légendaire de John Wagner, Judge Dredd a très vite trouvé son public. Violent à outrance, misogyne et patriotique à souhait, il symbolise à lui seul l’américain parfait. Méthodique, radical et consciencieux, il est le visage de la patrie, l’âme de la toute-puissance de son pays. Derrière son casque, il se pourrait bien que ce soit un citoyen lambda, vous, moi, qui décide de prendre les armes tel un Chuck Norris ou un Charles Bronson des temps modernes pour hurler son ras-le-bol. Adapté en 1995 par Danny Cannon (Goal !, Alcatraz, la série Nikita), le juge retirait son masque pour nous faire découvrir la mine déconfite de Sylvster Stallone. Une hérésie criaient certains, une bonne série b argumentaient les autres. Quoiqu’il en soit, cette adaptation fut rapidement rangée au fond d’un tiroir.

Dans une décennie ne misant plus que sur la surenchère de remake, reboot et autres facilités, l’occasion était donc trop belle pour ne pas retenter sa chance. Et c’est Pete Travis (Angles D’Attaque, Omagh, Endgame) qui a le privilège de s’y coller.

D’emblée une chose saute aux yeux, Dredd sera d’une qualité bien au-dessus de ce que l’on pouvait espérer de prime abord. L’esthétique ultra-stylisée nous éblouit à chaque nouvelle séquence (notamment lors de la prise de la « Slo-mo », drogue hallucinogène fraichement débarquée sur le marché) avec ces aspects vidéoclip et jeux vidéo très présents (prisme brillant de mille feux, slow motion à tire-larigot, caméra suivant la trajectoire de la balle…) nous faisant penser à des séquences de Max Payne, Gears Of War, Blade Runner ou Le Cinquième Elément. Autant de petits clins d‘œil visant à donner le sourire aux lèvres à un public composé de fans n’attendant que ça. Mission réussie !

Le casting est également à la hauteur du projet puisque sans pour autant faire de miracle ou accéder à une quelconque reconnaissance, il parvient à rendre crédible l’ensemble. L’acteur néo-zélandais Karl Urban, désormais « bancable » après s’être fait remarquer dans Le Seigneur Des Anneaux, fait suffisamment marcher ses zygomatiques pour donner du crédit à la légendaire mine déconfite de Dredd, Olivia Thirlby apporte la touche féminine adéquate mais c’est avant tout Lena Heady (Game Of Thrones) qui monopolise l’attention de par sa simple présence. Un peu comme Joseph Gilgun dans Lock Out, elle parvient à instaurer un tel degré de folie à son personnage qu’elle fera passer le spectateur par tous les stades. Comique avec un côté burlesque volontaire, nerveux avec cette sensation qu’elle peut nous sauter à la gorge à tout moment et effrayant quand on se rend compte qu’elle le fait vraiment. Un régal de la découvrir sous ce nouveau jour.

Le seul défaut, la seule tare que l’on pourrait reprocher à Dredd est d’être sorti après The Raid, le film d’action survolté signé Gareth Evans. Les deux ne boxent certes pas dans la même catégorie mais avec une approche si similaire (l’ascension étage par étage d’un immeuble inondé d’âmes mal intentionnées) la comparaison se fera forcément. Et Dredd perdra, certes de peu, mais perdra quand même. Il n’en reste pas moins un excellent divertissement bourrin comme une série b orientée action digne de ce nom se doit de l’être. Un carnage dans les règles de l’art avec son lot de tripes, de fusillades nerveuses et autres dialogues ridicules pleins de second degré. Un régal pour tous ceux se laissant entrainer dans cette course effrénée sans temps mort.

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Auteur : Wesley
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le 5 janv. 2013

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