Typographie rose fifties, Ryan Gosling, calme, cure dents à la bouche, volant à la main, roulant la nuit dans un Los Angeles paisible, un film, un fantasme rêvé par bons nombres de jeunes, un justicier romantique luttant contre ses pulsions de violence, LA fille, des braquages, des courses poursuites effrénées, des jeux de regards, des jeux de silences, une mise en scène magistrale, Drive, un chef d’œuvre signé Nicolas Winding Refn ? Retour sur un bijou du cinéma.


Ryan Golsing, chevalier des temps modernes


Ca c’est du dépoussiérage ! Ca c’est une remise à neuf d’un genre se faisant bien trop rare au cinéma ! Retour de cette bonne vieille série B ? Pas tant que ça bien qu’artistiquement, ça s’en rapproche. Drive n’est pas un western moderne bête avec des flingues, des courses poursuites en voiture, des braquages. Nous sommes avec les personnages, on se crispe quand ils ont des soucis, on a une larme à l’œil quand un drame se produit. Voila du film qui vous implique.


J’aurais attendu longtemps avant de donner mon opinion sur Drive. Pourtant, vu le nombre de fois où je l’ai vu, la critique aurait pu arriver plus tôt que prévu. Mais l’envie de lui rendre à mon tour justice méritait de patienter. Aujourd’hui, le jour-J est arrivé. Drive fait partit de ces films indépendant balayant les préjugés que l’on peut avoir sur ce genre. C’est mou, c’est trop philosophique, il ce passe pas grand-chose, vous n’auriez pas tord de penser ça. Pourtant, il arrive parfois d’avoir des surprises. Preuve en est avec Drive.


Dès son introduction lorgnant du coté d’un Tarantino ou d’un pseudo documentaire à la Michael Mann, ce film signé Nicolas Winding Refn, nous fait du charme. Bien que la mise en scène soit moderne, tout ce qui entoure ce film, que ce soit visuel ou auditif, respire les eighties et les fifties. Le look arboré par un Ryan Gosling quasi muet et imperturbable, la typographie utilisée pour le générique, les décors, les transitions, et cette musique électro tellement vibrante qu’elle fera raisonner votre cœur, Drive fait direct saliver. On a envie de voir la suite.


Ryan Gosling, beaucoup d'hommes le critique (charisme d’huitre, regard de blasé), le déteste, jalousant devant ce jeune homme au regard d'ange et au corps de rêve faisant saliver beaucoup de femmes. Exit les films romantiques, l'acteur est bien décidé à briser son image de beau gosse et vite calmer ses détracteurs. Dans Drive, Ryan, énigmatique, silencieux, charismatique au possible, se créant deux personnalités distinctes, interprète un véritable roi de la dissimulation. Qui pourrait penser une seule seconde que ce jeune homme aimable, peu bavard et imperturbable puisse être la nuit le chauffeur de braqueurs?


Vivant seul dans un petit appartement, pas d'amis hormis Bryan Cranston interprétant un garagiste boiteux qui pourrait être son père, l'amour peut-il briser la carapace que notre héros c'est forgé? Et d'ailleurs, pourquoi cette carapace? Lorsqu'il se décide enfin à parler à sa jeune voisine paumée interprétée par la fragile et adorable Carey Mulligan dont le mari, joué par Oscar Isaac, est en prison, notre chauffeur va briser sa coquille, ouvrant peu à peu son cœur et par la suite, se révéler être un véritable défenseur de la veuve et de l'orphelin. Depuis toujours, il avait réussi à contrôler ses pulsions de brutalité, voila que maintenant, il se voit terrifié de laisser aller toute cette violence en lui à cause de malfrats.


Les silences de Ryan Gosling sont autant mignons et rassurants que perturbants. On n’arrive pas vraiment à le cerner même si on sent qu’avec sa jeune voisine, avec ces petits rictus, ce petit sourire en coin quand il la regarde, pas de doute, il en pince pour elle mais sa légère timidité et l’absence de sociabilité en dehors de son travail font qu’il a du mal à avouer ses sentiments. Le regard fait donc le reste, il y a volonté à faire passer l’émotion sans rien dire. Quand par contre il est face à des malfrats, là, pas question de se laisser faire. De par cette idée de ne pas faire parler des masses notre personnage, de contenir ses émotions, Nicolas Winding Refn veut nous surprendre au moment où elles exploseront. Comme toute l’histoire d’ailleurs. A deux fois Drive m’aura fait sursauter, à plus de 4 fois il m’aura surprit, choqué.



Vous me donnez une heure et un lieu. Je vous donne un créneau de cinq
minutes, pendant ces cinq minutes, je vous lâche pas, il peut arriver
n’importe quoi, je suis là. J’interviens pas pendant le braquage, je
porte pas d’arme... Je conduis.



Une œuvre méritant sa place dans la culture pop


Drive, outre ses moments de silences, de balades magnifiques à voiture, de jeux de regards et de parlotte, nous sert une histoire de mafieux aussi jouissive que brutale. Quand il y a de l’action, Nicolas Winding Refn n’ira pas de mains mortes. Courses poursuites en voitures, fusillades sanglantes, combat à main nue ou armé d’un marteau faisant un vrai carnage, ou carrément, du gros coup de godasse écrasant des têtes comme des pastèques. Quant aux musiques illustrant le tout, comment oublier Nightcall de Kavinsky ? De l’électro vintage à vous donner envie de prendre votre voiture et faire un tour. Une musique criante de liberté.


L’histoire de Drive est très simpliste, déjà vue, ca restera là le seul reproche à faire sur ce film. Néanmoins, Drive est unique en son genre. Son style visuel, sa narration, sa découverte du monde des cascades automobiles, son ambiance digne d’un polar noir, sa bande son incroyable, son histoire d’amour sans niaiseries, cette fureur, cette intrigue édifiante où chaque personnage s’attire à sa façon des ennuis, ce travail sur les couleurs et la photographie, le jeu des acteurs tous à la personnalité différente avec de vraies gueules du cinéma (Ron Perlman, Albert Brooks en méchants peu ordinaires), la cool/bad ass attitude d’un Ryan Gosling peu loquasse à la Clint Eastwood, ainsi que sa mise en valeur de Los Angeles lors de nombreuses scènes de « visites », font sa totale réussite.


Quant à la relation touchante développée entre le chauffeur, sa voisine et le fils de cette dernière, on y croit, on voudrait que ça se concrétise. Le destin en décidera-t-il autrement ? Le chauffeur réussira-t-il à se sortir du pétrin dans lequel il c’est mit ?



Écoute bien ce que je dis : Tu vas fermer ta gueule, ou je te l’éclate
sur le comptoir et je te fais bouffer tes dents.



Au final, Drive fait réveiller en nous la nostalgie des belles petites séries B que l'on regardait plus jeune en vhs. A lui tout seul, il est un digne hommage à ces bonnes vieilles années 80, réussissant à faire de Los Angeles un personnage à part entière. Amis des belles bagnoles, fans de cascades et autres scènes d'action violentes, de héros solitaire cool, ce film est pour vous. Sans contestation possible : un pur chef d’œuvre excitant où le rêve vire au cauchemar.

Jay77
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le 21 févr. 2018

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Jay77

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