Drive, la merveille dont tout le monde parle en ce moment. Il est toujours délicat d'entrer dans les salles obscures après avoir entendu moult compliments sur un film, de peur d'en sortir forcément déçu. Mais en ce qui concerne le dernier N. Winding Refn, c'est autre chose. Prix de la mise en scène à Cannes, Drive suit l'histoire d'un homme cascadeur le jour et chauffeur pour malfrats la nuit. À partir d'un scénario assez classique, le danois arrive à nous faire entrer dans une ambiance singulière et captivante. Jamais là où on l'attend, ce film prend le parti pris du silence afin de laisser les images parler d'elles-même. De plus, il oppose un esthétisme élégant et très travaillé à des scènes parfois crues et violentes, à l'image du (anti)héros : sensible mais aussi brutal. Filmé la plupart du temps en contre-plongée afin de donner une impression de malaise, Ryan Gosling est tout simplement phénoménal. À la fois doux et impassible, il arrive à donner à son personnage une profonde complexité, comme si une bête féroce était en lui et qu'elle désirait sortir. Le réalisateur arrive à jouer constamment avec son public en le surprenant, le choquant ou parfois même le touchant. Nous pouvons repenser à la scène de l'ascenseur comportant ces trois états d'esprit et révélant par ailleurs le personnage du « Driver ». Quant à la musique (composée par l'excellent Cliff Martinez) ayant plus d'importance que les dialogues, elle colle parfaitement avec les scènes qu'elle illustre en leur donnant une certaine densité. Il est cependant frustrant de ne pas pouvoir tout dire dans une simple critique sur un film d'une telle épaisseur, et de ne pas avoir la capacité de rendre compte de sa puissance émotionnelle. C'est donc vrai, nous n'avons pas fini de parler de Drive, une œuvre déjà culte.
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