Drive est un étrange Road Movie dans lequel la voiture ne sert pas à traverser de longues étendues inconnues à l'instar d'Easy Rider. Cependant Drive partage avec ce film, la valeur d'un territoire et pas n'importe lequel, Los Angeles. Le film figure avec toute l'affection de son réalisateur ce qu'est la vie angelinos, une ville tentaculaire où le corps humain est indissociable de sa prothèse mécanique, la voiture. Les nombreuses prises de vue aériennes se réfèrent autant aux images, cartes postales, de la ville, qu'à ces images de courses poursuites mais ne sont elles pas le seul moyen de prendre en compte la valeur impérieuse de l'automobile?
Le réalisateur nous offre surtout une tranche de vie avec humour d'une ville. Certains personnages sont retranscrits à la manière des films mafieux de Scorcese avec des personnages hauts en couleur, le garagiste malchanceux, le tenancier de la boite de Striptease. Le gangsters juif qui mangent chinois dans un restaurant italien tenu par son partenaire, juif également, qui s'appelle Nino est encore plus atypique que le mafieux italien de Ghost Dog, fan de Flavor Flav'. Je pense que cette idée de personnage n'est pas tant pour atténuer le drame qu'apporter cette dose d'humour nécessaire pour retranscrire une ambiance. De manière plus visible, les scènes d'appartements et du motel rivaliseraient presque avec les scènes dans la voiture.
Néanmoins l'affection du réalisateur pour cette ville est présente, sous jacente dans ces parking de supermarché ou d'immeubles, dans le braquage dans "la vallée" ou encore ces passages sur les embranchements d'autoroute qui enlacent la ville. Los Angeles possède cette lumière qui trouble les personnages, qui leur donne cet aspect quasi idéalisé. De plus, elle a ses secrets, au fond d'une voie désaffectée, elle nous mène à un jardin oublié (peut être alimenté par une sortie d'égout).
Le personnage nous fait voyager dans cette ville, lui qui n'est pas Angelinos, mais il est juste un étranger comme nous. La première scène nous fait penser qu'il apprécie les Clippers de LA jusqu'au moment où l'on se rend compte quand il gare la voiture dans le parking du stadium, qu'il n'a aucun intérêt pour l'équipe de Basket Ball mais cherchait juste la foule. A l'image d'un Taxi Driver, il n'est qu'un révélateur.