Duel au soleil
6.9
Duel au soleil

Film de King Vidor (1946)

Produit par David O. Selznick, celui-ci voulait faire de Duel au soleil une ode à sa compagne d'alors, Jennifer Jones. Et il faut dire qu'il a bien fait, car elle y est magnifique, mais j'y reviendrai.
Pour parler du film, c'est la lutte entre deux frères pour conquérir le cœur d'une jeune femme aux origines indiennes. Mais celle-ci est davantage attirée par le plus rebelle des deux, Lewt, joué par Gregory Peck.


A l'évidence, le modèle affiché de Duel au soleil était Autant en emporte le vent, dans l'ampleur qu'il voulait avoir, une vedette en affiche (ici, Jennifer Jones, auréolée de son Oscar pour Le chant de Bernadette), la majesté des décors en extérieurs, mais aussi dans son gigantisme avec son budget record, et ses coulisses pour le moins particulières. A savoir un tournage qui s'est considérablement rallongé à cause des frictions entre Sleznick et le réalisateur King Vidor, qui a conduit au licenciement de ce dernier avant la fin du tournage et son remplacement par William Dieterle (bien qu'il ne soit pas crédité).


Il en résulte un très beau film, sur la force des sentiments, où Jennifer Jones et Gregory Peck sont comme deux aimants qui ne peuvent s'empêcher de se repousser malgré leur attirance. Mais il y a toujours un grain de sable, entre le mariage soudain de l'une par caprice, et le désir de liberté de l'autre... ça ne peut pas coller. Jusqu'à cette dernière scène, absolument formidable dans sa scénographie, qui ressemble à une tombe à ciel ouvert, pour un final qui tutoie le sublime.
Dans ces moments, les deux acteurs sont très justes, Jennifer Jones a l’incandescence très pure, et Peck la droiture qui cache une grande violence.
Il y a aussi un travail impressionnant sur la photo, qui donne l'impression que même le ciel semble lui déchiré entre ces deux amants.
Malgré cela, et le grand plaisir que j'ai eu à voir Duel au soleil, je regrette tout de même que l'aspect ampleur, épopée, à laquelle on aurait pu s'attendre soit quelque peu escamotée (à cause du tournage ?), car on a l'impression que ça ne dure que quelques mois. C'est vraiment dans les derniers moments que l'émotion est là, et qu'il manque réellement ce que je voyais dans Autant en emporte le vent : le souffle épique.


Mais il n'empêche que c'est un Western qui a fait date, ne serait-ce que dans l'écrin donné à Jennifer Jones, et aussi par la réalisation de King Vidor qui donne de la majesté à ces décors, sans compter l'histoire qui est au fond belle et tragique.

Boubakar
7
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2018

Critique lue 227 fois

5 j'aime

4 commentaires

Boubakar

Écrit par

Critique lue 227 fois

5
4

D'autres avis sur Duel au soleil

Duel au soleil
Ugly
7

Le western en forme de tragédie grecque

Ce film a été dès sa sortie encensé, et aujourd'hui encore, beaucoup de spécialistes le considèrent comme un chef d'oeuvre. J'ai un avis plus nuancé sur la question, non pas que je trouve le film...

Par

le 6 mars 2019

25 j'aime

11

Duel au soleil
Docteur_Jivago
8

Western Shakespearien

Plus un film de David Selznick que de King Vidor, Duel au Soleil marque par son ambition, ses excès, son souffle mélodramatique et cette impression de voir un Autant en emporte le Vent façon...

le 8 mars 2022

19 j'aime

11

Duel au soleil
Star-Lord09
9

"ELLE" est Le Cinéma

Filtré par la rétine Scorsesienne dès l'âge de trois ans puis réévalué à l'aune de son immense bagage cinéphile, le réalisateur de Casino n'a jamais caché l'attraction exercée par Duel au soleil sur...

le 23 sept. 2022

16 j'aime

12

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9