Un film culte ou un nanar ? Un film moyen qui démarre lentement et qui finit par aller vite...

Avant que la version de Denis Villeneuve sorte au cinéma, il existait un long-métrage sorti en 1984 et réalisé par David Lynch, un réalisateur très talentueux à la tête de plusieurs œuvres exceptionnelles (Mulholland Drive, Elephant Man, Eraserhead, Blue Velvet ou encore la série Twin Peaks). Appréciant le réalisateur et la majorité de ses œuvres, il fallait bien tenter son adaptation du roman Dune qui s'avère être un très gros défi car le livre fait près de 826 pages et il est très difficile d'adapter un roman de cette taille en un long-métrage de 2h17 (un peu comme Harry Potter et l'Ordre du Phenix). Malgré tout, David Lynch a essayé de faire une adaptation de ce roman mais a t-il réussi à faire un bon long-métrage ? Et bien, on ne peut pas nier qu'il y a du potentiel mais qu'il y a aussi pas mal de problèmes dans ce long-métrage, surtout à partir de la deuxième moitié.
Avant de commencer à développer, je tiens à dire que je n'ai pas encore lu le roman Dune et que cette critique ne se basera que sur le long-métrage en lui-même.

Positif

• Paul Atreide (Kyle MacLachlan) est le jeune prince de la famille Atréide, c'est un garçon assez curieux qui cherche toujours à en apprendre plus sur ce qu'il découvre. Il est aussi considéré comme l'élu, l'être qui sera capable de sauver les Fremens et ramener la paix sur la planète Arrakis. En dehors de ça, c'est un bon personnage principal à travers qui on découvre l'univers et toutes ces manigances pour voir qui s'emparera de l'épice et dans quel but. Aussi, ses rêves sur Chadi le rendent un peu plus mystérieux et nous donne aussi envie d'en savoir plus sur cette femme et sur les pouvoirs que Paul cache en lui à travers ses rêves.
  Jessica (Francesca Annis) est une ancienne Bene gesserit qui a préféré protéger son fils malgré qu'elle ne devait donner naissance qu'à des filles. C'est une femme noble mais une femme qui aime sincèrement son fils et son conjoint de tout son cœur. Elle est assez attachante dans sa personnalité malgré qu'elle fasse un peu femme fragile dans cette version (sauf dans une scène). Malgré ça, c'est un personnage qui fait de son mieux pour aider Paul et une des dernières motivations compréhensibles sur le pourquoi Paul se bat encore malgré ce qu'il a perdu.
  Le duc Leto (Jürgen Prochnow) est le seigneur de la maison Atréide et un homme d'honneur qui obéit au désir de l'Empereur. C'est aussi un père qui aime sincèrement son fils et qui fait de son mieux pour le préparer à son futur statut important. Un père assez attachant dans sa personnalité, surtout quand on voit qu'il préfère aider ses hommes plutôt que de penser à l'épice, mais aussi un très bon père dont Paul peut être fier.
  La révérende-mère Gaïus (Siân Phillips) est une femme puissante à la tête de l'ordre de Bene gesserits et qui semble avoir une grande estime pour Jessica malgré qu'elle l'ai déçue. C'est une femme assez étrange avec des pouvoirs redoutés et extrêmement puissants qui semble craindre Paul car elle place beaucoup plus d'espoir dans les femmes que dans les hommes. Elle doit penser que les femmes sont forcement supérieurs aux hommes et que seule une femme peut véritablement changer les choses par rapport aux Harkonnens et les Atréides.
  Duncan (Richard Jordan) est un ami proche de Paul et un pilote d'exception. C'est un ami proche assez attachant pour Paul, on comprend pourquoi il l'apprécie autant quand on le voit pour la première fois.
  Le général Gurney (Patrick Stewart) est l'entraîneur personnalisé de Paul. C'est un homme d'honneur et fidèle au duc qui fait son maximum pour entraîner et préparer le prince à son futur rôle de Seigneur. C'est un personnage assez sympathique dans la manière dont il essaye d'aider Paul, malgré que certaines de ses méthodes soient discutables.
  Thufir (Freddie Jones) est un conseiller fidèle à la famille Atréide qui continue de le servir quoi qu'il arrive. Malgré qu'il soit assez bizarre avec ses sourcils, c'est un personnage qui ne fait que son travail et qui fonctionne dans cette histoire (malgré qu'il n'ait pas de réel développement).
  La princesse Irulan (Virginia Madsen) est la fille de l'empereur et elle fait office de narratrice à l'histoire. C'est la seule fonction qui la représente véritablement dans cette histoire, en dehors de ça, elle ne donne pas l'impression d'être un véritable personnage. Malgré ça, c'est une assez bonne narratrice.




• Le baron (Kenneth McMillan) est une créature affreusement laide qui souhaite s'emparer l'épice afin de soigner ses maladies et de continuer de se trouver beau (chacun sa conception de la beauté). En soi, c'est un méchant sans aucune limite et pitié pour ses serviteurs et qui fonctionne bien dans ce long-métrage. C'est un méchant égoïste mais avec des raisons compréhensibles pour vouloir s'emparer de l'épice, surtout quand on sait qu'elle était à lui avant l'arrivée des Atréides.
  Feyd (Sting) est le neveu du baron et c'est un psychopathe qui n'hésite pas à tuer pour son plaisir personnel. C'est un méchant secondaire qui fonctionne mieux en tant qu'adversaire principal pour Paul. Là où le Baron a une dichotomie intéressante avec le duc Leto, Paul en a une intéressante avec le neveu du baron. Feyd est sans pitié et toujours sûr de lui, il y a de quoi le craindre vu que c'est aussi un psychopathe entraîné (probablement par son oncle et ses hommes).
  L'empereur Shaddam IV (José Ferrer) est un homme de pouvoir qui a passé un accord avec les Harkonnens afin que ceux-ci puissent reprendre possession de Dune qui leur appartenait à l'époque. C'est un homme de pouvoir qui se soucie peu des autres, du moment qu'il obtient ce qu'il veut à la fin. Il cherche aussi à se débarrasser de Paul par peur que celui-ci puisse s'en prendre à lui et aux Harkonnens, ce qui est un peu normal vu que c'est la peur qui le fait agir ainsi.




• Il y a une dichotomie intéressante entre le Baron et le duc de Leto. Le duc de Leto est un homme qui agit avant tout pour son devoir tout en ayant du cœur alors que le Baron est un égoïste froid et cruel qui ne pense qu'à son plaisir personnel (et mieux vaut éviter de parler de ses préférences sexuelles...). En tout cas, ça apporte une légère dichotomie intéressante entre les deux personnages (malgré que Paul soit le personnage principal). Tout comme une autre dichotomie, celle de Paul et Feyd. Là où Feyd a suivi l'exemple de son oncle au point de devenir un psychopathe qui tue pour le plaisir, Paul apprend à devenir plus adulte et plus fort afin de pouvoir venger sa famille. L'un est motivé par son plaisir personnel, l'autre par la vengeance en l'honneur de sa famille, ce qui apporte une autre dichotomie assez intéressante.




• Le long-métrage démarre par la fille de l'Empereur, la princesse Irulan, qui nous fait un cours d'histoire de l'univers où elle se trouve et d'une planète en particulier, Dune (aussi appelée Arrakis) et son épice. C'est une introduction intéressante et assez bien expliquée de la part de la princesse Irulan qui nous donne tous les détails nécessaires pour comprendre la planète sur laquelle on va bientôt se rendre. De plus, ça nous donne envie d'en savoir plus sur le pourquoi cette épice est si convoitée et ce que va donner la suite de l'histoire centrée sur Dune et cette fameuse épice.




• Les Atréides sont arrivés sur Arrakis afin de s'occuper de l'épice. Cependant, les Harkonnens ne l'acceptent pas et décident de reprendre possession de la planète et de Dune en décimant la famille Atréide. Deux rescapés, Paul et sa mère Jessica, ont réussi à s'échapper et cherchent de l'aide afin de venger la famille Atréide et reprendre ce qui leur a été pris. Une histoire assez intéressante à suivre pour savoir comment Paul va s'y prendre pour venger sa famille mais aussi l'évolution que ça va lui apporter avec tout ce qu'il va traverser.




• La fin est assez efficace dans ce qu'elle raconte. En effet, c'est une assez bonne manière de conclure le long-métrage tout en répondant à certaines questions liées à Paul qu'on se posait au début du long-métrage. En voyant cette fin, on se rend compte du chemin que Paul a parcouru et de ce que ça l'a fait devenir et accomplir, ce qui est une bonne fin.




• La seule évolution réellement intéressante à suivre dans ce long-métrage est celui de Paul. Quand on voit la fin et tout ce qu'il a traversé, on comprend tout de suite que Paul n'est plus du tout le même qu'au début. En effet, on a l'impression d'être passé d'un petit garçon à un dieu, ce qui est assez intéressant à suivre à travers son parcours.




• En terme de symbolisme, il y a plusieurs éléments intéressants comme ce que représente l'épice pour le Baron, ce que représente les Fremens pour Paul, ainsi que la bague de sa famille et ce que représente Paul pour la mère supérieure. Bref, on a quelques éléments de symbolisme assez intéressants à suivre dans ce long-métrage.




• L'univers qu'on nous présente ici est assez intéressant. Quand on voit les différents éléments de cet univers nous donne envie d'en voir encore plus sur ce que Dune peut cacher. Mais on a aussi envie d'en savoir plus sur les autres planètes de cet univers et les différences avec la planète Arrakis.




• Les costumes des personnages sont assez bien travaillés dans l'ensemble. Chaque costume est assez soigné pour 1984 et arrive assez bien à définir les différents personnages. Après, les costumes ne font pas tout mais ce sont des costumes qui sont réellement bien travaillés.




• Le jeu d'acteur est plutôt pas mal de la part de la majorité des acteurs. On sent que certains acteurs s'investissent véritablement (comme Sting, Kenneth McMillan et Kyle MacLachlan) et que les autres sont un peu moins investis mais quand même assez convaincants.




• Concernant les décors, il faut admettre qu'ils ne sont pas mal du tout. Certes, les décors ont du demandé beaucoup d'effets spéciaux en studio, ça reste des décors assez bien travaillés pour l'époque et qui passent encore à l'image aujourd'hui.




• La tension est assez réussie pour les personnages principaux. En effet, on arrive à ressentir de la tension pour Paul et sa mère quand on voit comment se déroulent certaines scènes (et malgré que certains moments aillent un peu trop vite).




• Comme souvent, la mise en scène de David Lynch est assez bien gérée dans son ensemble. Certes, ce n'est pas la meilleure mise en scène qu'il nous a apporté mais c'est une mise en scène qui fonctionne assez bien.




• Les musiques de ce long-métrage sont plutôt bien travaillés. Elles ne sont pas parfaites mais ce sont réellement des bonnes musiques qui s'écoutent bien et qui correspondent bien avec ce qui se passe à l'image.




• Il y a quelques moments assez inattendus et qui fonctionnent assez bien, surtout par rapport aux Fremens et à leurs coutumes. Ces moments inattendus sont assez réussis dans l'ensemble.

Négatif

• Ce long-métrage souffre d'un énorme problème de rythme, surtout dans sa deuxième partie. La première moitié du long-métrage prend son temps (un peu trop d'ailleurs) mais la deuxième partie va beaucoup trop vite. Résultat, on a une voix-off qui nous raconte tout ce qui se passe afin d'accélérer l'histoire et de justifier le développement de Paul. Il aurait fallu apporter un équilibre un peu plus adapté à l'histoire et tout ce qui se passe, peut-être en accélérant la première partie et en prenant un peu plus son temps dans la deuxième. Les plus gros problèmes de ce long-métrage vienne de ce rythme beaucoup trop rapide de la deuxième partie, c'est à cause de ça que Chani et Alia ne sont pas développés et qu'on ne comprend pas pourquoi Jessica obtient un rôle si important quand on connaît son passif. Franchement, le rythme est ce qui vous posera le plus de problèmes avec ce long-métrage.




• Lors de l'attaque de la cité des Atreides par les Harkonnens, on voit une petite scène où certains effets ont été oubliés avec l'arme des Harkonnens et où il arrive à toucher le soldat Atréide avant qu'il ne tombe. Après, ce n'est qu'un détail alors ça peut se pardonner. Par contre, ce qui est moins pardonnable, c'est la réflexion de Paul avec la tête chercheuse qui essaye de le tuer. Paul dit « l'obscurité est trop grande pour distinguer les choses » alors qu'il est en pleine lumière dans sa chambre... Franchement, on peut dire que c'est une gaffe assez évidente de la part de Paul là, heureusement qu'il est le héros et qu'il est censé survivre.




• Le principe d'une relation est de développer les personnages. Le problème, c'est que ce long-métrage va si vite qu'on a pas le temps de comprendre pourquoi Paul et Chani s'aiment autant. Pour Paul, on peut supposer qu'il est tombé amoureux d'elle depuis qu'elle hante ses rêves, mais pour Chani c'est moins compréhensible. Rien ne justifie le fait qu'elle soit amoureuse de Paul et le soutienne autant avec tout ce qui se passe. Et oui, le roman explique sûrement bien mieux cela mais comme on ne parle que du long-métrage, cette relation ne fonctionne pas.




• La femme de l'introduction, qui semble être la narratrice de cette histoire, est une femme qui fait bien son rôle mais pourquoi la faire apparaître et disparaître plusieurs fois pendant qu'elle parle dans cette introduction ? Ça aurait été plus logique de la faire disparaître petit à petit et de nous rendre sur des vaisseaux ou des planètes de cet univers. Après, cette introduction nous donne quand même envie d'en savoir plus, c'est juste que la faire disparaître et réapparaître plusieurs fois n'était pas une bonne idée.




• Le résumé du long-métrage sur la jaquette DVD nous parle directement de la fuite de Paul et de sa mère Jessica pendant la bataille. Le problème, c'est que ce fameux moment qui démarre l'histoire arrive au bout d'1h20 de film (soit un peu plus de la moitié). Même si ce temps nous fait passer plusieurs informations importantes (personnages, découverte de l'univers et de l'extraction de l'épice ainsi que des vers des sables...), ça n'empêche pas que l'histoire met beaucoup trop de temps à démarrer.




• C'est incroyable de voir à quel point ce long-métrage a des personnages qui manquent de développement. Certes, il y a Chani mais il y a aussi Alia, la petite sœur de Paul qui n'est pas développée. La seule chose que ce long-métrage fait sur ce personnage, c'est nous expliquer ses pouvoirs avec une voix-off, pareil pour Gurney quand il retrouve Paul. Peut-être que ce long-métrage aurait pu essayer de mieux développer ses personnages dans la deuxième partie du long-métrage.




• Ce long-métrage manque cruellement d'explication pour certaines scènes. Par exemple, lors de l'accord entre l'Empereur et la créature bizarre, on pourrait croire que l'Empereur était cette créature étrange et non l'humain, alors que c'est le contraire. Ou même le fait qu'un certain personnage soit finalement en vie alors qu'on ne nous explique pas comment il a pu survivre. Enfin bref, peut-être que ce long-métrage aurait pu nous apporter un peu plus d'explications.




• Certains long-métrages ont réussi a assez bien vieillir. Mais là, ce long-métrage a tellement mal vieilli. Sincèrement, on voit à quel point ce long-métrage a mal vieilli quand on le regarde aujourd'hui. Certes, ce long-métrage est sorti en 1984 mais ça n'empêche pas qu'il a mal vieilli avec le temps, ce qui rend le visionnage un peu plus difficile d'ailleurs.




• Les effets spéciaux de ce long-métrage sont assez discutables, surtout les effets du bouclier qui sont assez moche avec ces formes cubiques. Ce long-métrage a beau dater de 1984, ça reste des effets spéciaux assez discutables, là où ceux de la trilogie originale de Star Wars passent encore aujourd'hui par exemple.




• Le fait que Paul entende les pensées des autres est un pouvoir intéressant. Par contre, le fait que les spectateurs entendent ce qu'il pense en permanence devient rapidement soûlant, voir même sans intérêt parce que c'est la mise en scène qui doit nous faire comprendre le principal, pas la voix intérieure de Paul.




• Concernant l'émotion, il n'y a pas grand chose à ressentir en vérité. Quand un personnage meurt ou disparaît, on arrive pas à ressentir d'émotion devant ce personnage, même si ils étaient proches de Paul. C'est regrettable de ne pas ressentir d'émotion pour les personnages de ce long-métrage.




• Certaines scènes de ce long-métrage sont inutiles, comme le moment où Paul retrouve une vieille connaissance qui est finalement en vie. C'est un détail mais ne mettez pas ce genre de scène si on ne voit pas ce que ça apporte à l'histoire (et ce malgré que l'acteur qui l'incarne est formidable).




• Ici, nous avons une voix-off qui est là pour nous expliquer certains éléments essentiels de l'histoire. Cependant, le problème de cette voix-off est qu'elle est trop présente que le long-métrage aurait du essayer de nous faire comprendre par la mise en scène, ce qui n'est pas le cas ici.




• Le fameux pouvoir de la voix est un pouvoir intéressant mais assez étrange dans ce long-métrage. Dans ce long-métrage, la voix est assez bizarre et perturbante, entre l'écho que ça créait et le son que la voix fait, c'est assez étrange comme effets choisis pour ce fameux pouvoir.




• Étrangement, ce long-métrage donne des impressions de longueurs à certains moments, comme si certaines scènes duraient beaucoup trop longtemps. C'est une sensation un peu perturbante qui fait qu'on se demande souvent à combien du temps du long-métrage on en est.




• Quand on voit l'Empereur au début du long-métrage parler à sa fille pour lui dire de les laisser, on voit bien que la VF est plus courte que les paroles qu'il est censé prononcer. C'est un détail mais ça reste un faux-raccord assez visible quand on fait attention.

Au final, ce long-métrage sur Dune est assez moyen et ne sera pas forcément recommandable pour tout le monde. David Lynch est un réalisateur très respectable mais ce long-métrage est clairement un des maillons faibles de sa carrière (même lui a fini par renier ce film). On a une mise en scène assez bien travaillée, des décors d'une assez bonne qualité, des personnages principaux assez bien développé et une première moitié assez intéressante de ce long-métrage. Mais à coté, on a un gros problème de rythme (surtout la deuxième qui va beaucoup trop vite), des effets spéciaux qui ont très mal vieillis, des personnages manquant cruellement de développement et des voix-off très énervantes. Enfin bref, libre à vous de découvrir cette version si vous le souhaitez afin de voir ce long-métrage que certains considèrent comme culte et d'autres comme nanardesques. Pour ma part, le visionnage n'était pas inintéressant mais j'ai eu beaucoup de mal à rentrer complètement dans ce long-métrage.