Le film que j’attendais le plus en 2017, Christopher Nolan abandonnant la SF pour un film de guerre relatant un fait historique. Alors la déception se pose forcément un peu, et il m’aura fallu deux visionnages pour apprécier l’objet tel qu’il se présente, à savoir un film de guerre sans combat véritable, sans marque d’héroisme autre que celle des civils, sans corps sanguinolents (l’antithèse de la boucherie orchestrée par Mel Gibson dans « Hacksaw Ridge ») et sans dialogues ou presque.
On y suit trois destins (des soldats qui fuient le massacre, des civils venus des cotes anglaises avec leur propre bateau pour ramener leurs troupes vivantes à la maison et des aviateurs de la RAF ) qui vont se croiser dans l’espace et dans le temps ( quelques allers-retours plus compréhensibles à la seconde vision) autour de la plage de Dunkerque, prise sous un déluge de bombes.
Christopher Nolan a choisi le parti-pris du survival, l’ennemi se faisant invisible mais toujours dangereux (à l’instar du « Full Metal Jacket » de Kubrick), et de livrer un film sur la peur et sur les réactions contrastées des hommes face à cette peur, faisant des soldats massés sur cette plage des victimes impuissantes dont la seule échappatoire est la fuite.
La réussite de « Dunkirk » est de ne pas ressembler à ses illustres prédécesseurs (« Le soldat Ryan », « Iwo Jima », « La ligne rouge »,..) en refusant le spectaculaire ou les destins personnels pour se concentrer sur une atmosphère oppressante, soulignée par une musique d’Hans Zimmer assourdissante et obsédante. Cette impression est renforcée par le choix du réalisateur de tourner en pellicule 70 mm, de ne pas utiliser d' images de synthèse (et donc de faire jouer des milliers de figurants à la David Lean) ou de ne pas toucher numériquement aux décors actuels de la ville, suscitant quelques anachronismes (lampadaires, maisons ou immeubles,..) que ce perfectionniste ne peut pas avoir ignorés…
Comme toujours chez Nolan l’image est léchée ( merci les caméras Imax) , certains plans sont solaires ( l’arrivée sur la plage, les chassés-croisés en avion, …) et la réalisation est au cordeau ; la durée ramassée de 1h46 nous laisse peu de temps pour respirer, jusqu’à une fin douce-amère en forme de délivrance, semblant sonner l’heure de la véritable entrée en guerre.

Stanleywhite
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le 7 déc. 2017

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