Mwarf... Déjà les bandes annonces je n'étais pas bien chaud par le sujet, ni par les images glaciales et monoplaces. Je ne suis pas trop films de guerre, mais parfois l'ampleur dramatique et le poids de l'histoire nous font ressortir éprouvé. Comme à l'époque du soldat ryan, même si c'était un peu (beaucoup?) romancé on comprenait la force dramatique du désastre. On hésitait pas le gore, l'absurdité de la guerre, on s'attachait vraiment aux soldats qui sortaient de leur quotidien pour être plongés dans une situation de foule déchiqueté qui dépassait l'entendement. Comme toute guerre, il est intéressant de voir les limites de l'homme dans les situations extrêmes qui forgent aussi notre histoire. Pour vous dire, je trouve que même wonder-woman évoquait mieux la guerre que Dunkerquee. Alors bref.
Quel est donc le problème ?
On est pourtant sur du Nolan (que j'admire comme beaucoup de gens). C'est un peu mainstream d'aimer Nolan mais j'assume. Et je jubilerai toujours devant ses batmans, je reste scotché sur interstellar, je ressens le propos sur le deuil fortement à la deuxième lecture d'Inception et je suis admiratif de la leçon de montage de Memento. Nolan est au cinéma intelligent grandiose ce que Tarantino est au cinéma pop et déjanté.
Pourtant Dunkerque a du mal, comme ci Nolan avait voulu faire son grand film classique, sans trop s'écarter d'un cinéma très sage et prévisible, voir déjà vu. Comme ci son style allait suffire en soit. Effectivement on reconnait sa patte, des images sublimes, de l'Imax (cela dit Michael Bay aussi il nous sert de l'Imax hein...), des idées de montage originales (avec les trois temporalités) et une fin mega classe qui est censé te souffler. (Nolan commence souvent ses histoires en imaginant d'abord une fin qui claque).
Mais là trop de trucs foirent... Les trois temporalités n'apportent rien du tout à la compréhension de l'histoire, c'est du bullshit et sans cette précision du départ le film serait le même. D'ailleurs c'est pas super clair, on peut penser qu'il s'agit d'une date de départ et non des durée de chaque séquence; Bref idée de style qui tombe totalement à l'eau. Ensuite la violence de la guerre se veut tellement aseptisée et stylisée (soldats allemands invisibles) qu'on sort un peu de l'ampleur de l'enjeu.De l'importance globale de ce moment du conflit.
Le fait de n'avoir que des soldats en action pendant deux heures, et aucun recul géopolitique ou de comprendre les choix des stratèges casse encore plus l'impact du propos et on ne comprend plus bien l'importance d'envoyer tous ces civils à la rescousse (qui d'ailleurs nous servent la grande séquence patriotique du film).. Le film se veut trop gentil, on voit quelques morts, on voit des mecs avoir un peu froid et s'emmerder sur la plage et Kenneth Branagh faire les gros yeux dans ses jumelles toutes les cinq minutes... Mouais !! On ne s'attache vraiment au destin de personne, ce qui est voulu mais atténue notre investissement émotionnel. Le seul vrai suivi humain se veut en mer avec les civils et Cilian Murphy, mais là encore la situation parait en décalage avec la vraie problématique globale. Les plans avec Tom Hardy sont cela dit les plus réussis du film, avec une beauté plastique et un silence qui pètent la classe. On sait maintenant que Tom Hardy peut se vendre sur son seul regard, bravo à lui !!
Voilà donc malheureusement un film plastiquement très beau mais qui ne vient jamais nous prendre aux tripes... snif !!