Nolan c’est le genre de realisateur que tout le monde connaît mais que personne ne peut cerner, on retrouve dans tous ces films des codes, des empreintes, des marques qui nous permettent d’identifier son oeuvre. Mais en rien ses long-métrages ne sont identique. Entre adaptation de thriller, SF qui rend hommage, ou film de super héros intelligent, on est en face d’un réal qui ne veut pas appartenir à une case, qui est constamment instable. Tout ça ne vous rappelle rien.... Kubrick mes amis ! Nolan devient peu à peu le Kubrick du 21ème. D’accord c’est peut être un peu tôt pour se prononcer, mais je dois avouer que cette comparaison me fait sourire...


Bref je suis ici pour parler de Dunkerque et de ce qu’il à apporté au cinéma de cette année. Et comme toujours, il y a énormément de chose à dire :


Replaçons d’abord le contexte : Dunkerque en Mai 1940 est à la totale mercie des allemands… Les anglais et les français se font rouler dessus et un rembarquement est prévue pour rapatrier les troupes en Angleterre. Dans le film on suit trois histoires simultanément : celle de soldats anglais coincés sur la plage pendant 1 semaine, celle de citoyen d’Angleterre partit en mer pour sauver des soldats pendant 1 jour, et celle de pilotes protecteurs pendant 1 heure.


Rien qu’avec cette petite description on peut se rendre compte du côté non conventionnelle de la chose. On a des lieux et des timelines différentes, ce qui déjà va en perdre quelques uns. Et c’est vrai que c’est assez déstabilisant… Un moment on est dans l’eau en pleine obscurité, et pouf on passe sur un avion sous un ciel ensoleillé. Mais si ce procédé est utilisé c’est pour avoir différent point de vue qui vont se rejoindre au final. Evidemment c’est l'interaction avec le spectateur qui en prend un coup bien que je dois avouer que les scènes en avion sont assez intenses, je reste donc en demi teinte sur ce point là.


La vraie force du film, est qu’on atteint un niveau d’immersion encore très peu vu auparavant. On ne regarde pas les soldats sur la plage, on est sur cette plage ou sur ce bateau. Quand un bateau coule, on a le souffle coupé, quand on entend les moteurs des avions qui plongent on s’enfonce dans son siège en espérant ne pas être touché. Certain passages procurent plus de sensation qu’un grand huit. Ça nous rappelle la fameuse scène du soldat Ryan, et niveau ambiance on y est, on a peur, on retient son souffle, puis on est soulagé, et ça c’est une expérience cinématographique unique.
On ressent ce que pourrait ressentir un soldat sur cette baie la déstabilisation qui se lit sur leur visage passe ensuite au nôtre. Et la musique, le son, le montage, les plans, les dialogues, tout est là pour renforcer ces sentiments. Je ne vais pas m’étaler là dessus mais je trouve ça impeccable !


Ici on a très peu de dialogues, ce qui n’aide pas à nous attacher aux personnages mais plutôt à entrer dans l’ambiance de la guerre. Et c’est peut être là le problème : les personnages ne sont pas important, donc pas vraiment de compassion quand l’un d’eux meurt, mais vous allez me dire c’est la guerre si on s’arrêtait sur chaque mort on serait pas rendu. En effet, mais on s’arrête toujours sur les personnages principaux, dans Soldat Ryan, ou dans Platoon, je peux vous dire qu’on s’attache aux personnages.


Pour les incarner on a Nolan qui a pété un câble sur le casting et qui a pris, des acteurs reconnus ou de parfait inconnus, voire même un chanteur des one direction, pourquoi pas après tout… Mais là où les blockbusters vont donner 90 % de l’écran aux stars, ici tous les acteurs ont le même temps à l’image… Prends en de la graine Suicide Squad !


Et les français me direz vous ! Parce que c’est le plus gros reproche qu’on fait au film : Où sont les français ? Bon déjà on en voit et on en entend pas mal, mais je vais vous dire un truc, les ptits cons qui cherchent la petite bête, Nolan n’a jamais prétendu vouloir faire un film historique, il voulait faire un film tant réaliste que immersif. Et même au niveau historique c’est tout à fait cohérent de ce que j’en ai lu. C’est vrai que le film sonne un peu patriotique à quelques passages, mais c’était son idée et sa volonté. S’il n’avait voulu filmer que des français, est ce qu’on l’aurais fait chier avec la présence des anglais ?
Par contre pour les allemands c’est du grand art, digne du xénomorphe dans Alien. Pourquoi ? Parce qu’on en voit pas UN SEUL, alors que pendant tout le film on a constamment peur d’eux. Ils installent une pression dès le premier plan et pendant tout le long on les verra jamais, mais je peux vous assurer qu’ils vont faire des dégâts.


Tic tac tic tac tic tac, ce son qui surplombe tout le film en a marqué plus d’un, moi le premier. Tout le monde peut avoir son interprétation. Tout d’abord ce son extra diégétique rappelle une bombe à retardement qui symbolise une tension permanente pour tous les soldats sur cette plage. En effet le temps est compté, et de façon irrégulière en fonction de l’intensité présente à l’écran. Il joue sur nos nerfs et nous rappelle que la vie est une course et que si on faiblit, on meurt.
Bien évidemment Nolan a toujours prêter un grand soin à son sound design, et cette oeuvre ne fait pas exception. Chaque bombe, avion, ou balles, ne sont pas visibles mais bien audible, il joue tout le temps avec nos sens pour encore plus nous déstabilisé voire nous apeurer.


Et comme beaucoup avant lui Christopher Nolan nous livre une vision très sombre de la guerre,par le son, mais surtout par l’image. Tout le film est en nuance de gris, même le sable paraît sombre sur cette plage, quand à la mine des acteurs, elle est plutôt pâle. Évidemment, on a l’habitude, l’image est toujours aussi travaillé avec des niveaux de détail assez incroyable qui donne au film une touche froide mais malheureusement réaliste…


Pour finir je pense que ce film est le plus éloigné de ce qu’avait fait Nolan avant, pas forcément à cause du genre du film mais plus par rapport à son style habituel. Encore une fois il a surpris, mais surtout il nous a offert une expérience qui prouve encore l’importance d’aller voir des films au cinéma. Ce genre de sensation d’angoisse ou de soulagement ne peut vraiment se ressentir que devant un grand écran. On aura attendu un petit moment, mais ça valait vraiment la peine...

Valnight
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le 28 août 2017

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Valnight

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