Dunkerque fût une surprise pour moi, vendu comme un film historique c’est donc à ça que je m’attendais. Or Dunkerque est avant tout un film à suspense, prenant comme toile de fond un fait de la Seconde Guerre Mondiale, un peu comme l’avait fait Jean-Jacques Annaud avec Stalingrad.
Dunkerque relève plus de ce genre que d’une fresque historique.
Nolan fait le choix de suivre 3 destins, celui d’un soldat Anglais coincé à Dunkerque et attendant son évacuation, celui d’un pilote de la Royal Air Force et celui d’un civil père de famille dont l’armée réquisitionne le bateau.
3 destins que Nolan mène parallèlement les uns aux autres à la perfection, on alterne tour à tour les scènes avec chacun des protagonistes, ce qui donne un vrai dynamisme au film, ainsi chaque fin de scène donne lieu à un petit cliffhanger qui maintient le spectateur en haleine le temps de rebasculer sur la scène en question, ingénieux le tout est parfaitement rythmé. Le suspense d’ailleurs est présent dès les 1ers instants du film et ce jusqu’à la fin, sans jamais retombé, ici Nolan maîtrise son sujet à la perfection. Mieux il arrive même à retranscrire l’angoisse et l’impuissance des soldats à grand renfort d’effets spéciaux et sonores superbement orchestrés
(les scènes avec les Junkers Stuka en sont le meilleur exemple et on en vient à redouter juste leur son strident qui annoncent leurs attaques)
. Ce qui a pour effet créé de l’empathie pour les protagonistes alors que l’on ne sait quasi rien d’eux.
C’est une des autres forces du film, ici pas de héros on ne suit que des anonymes, d’autant plus anonymes que le film est avare en dialogues et tant mieux. On a l’impression d’être un soldat parmi d’autres, plutôt que de s’attacher artificiellement à la stature d’un héros, on s’attache aux hommes, à leurs forces et leurs faiblesses. Car tous (ou presque) font des choix plus ou moins discutables, mais peu importe si l’on est d’accord ou non, on les comprend. Nolan place ainsi régulièrement ces personnages devant des choix cornéliens et lourds de conséquences
(le choix du père de continuer sa mission plutôt que de rentrer soigner l’ami de son fils a suscité un sacré cas de conscience chez moi)
et là encore c’est pure réussite, Nolan renforce pas ce biais scénaristiques l’empathie du spectateur, mais aussi le suspense car le spectateur attend de voir les incidences de ces choix. Intelligent.
Et puis il y a tous les à-côtés réussis, une réalisation magnifique (notamment les scènes aériennes), le peu de dialogues qui laisse place à une ambiance sonore très travaillée et à une musique omniprésente qui s’avère presqu’être un personnage à part entière tant elle vient sublimer l’action. Ajoutez à ça un rythme parfait et aucune seconde d’ennui et vous obtenez un très bon film.
Quel dommage qu’il contienne quelques petites incohérences (niveau temporalité) et qu’il fasse guerre un peu trop propre (je ne suis absolument pas fan de la surenchère de violence, mais un peu plus sale aurait fait monter encore plus la pression), ça ne pèse pas lourd face aux excellentes qualités du film mais on regrette justement d’autant plus ces petits défauts qui empêche Dunkerque de toucher à l’excellence. Reste que c’est un des meilleurs films de cette année 2017.