Pour ceux qui me suivent depuis longtemps, vous savez l'affection que je porte à Christopher Nolan. Actuellement, que l'on aime ou pas son cinéma, il fait partie des plus grands réalisateurs de sa génération. Depuis le début de sa carrière, Nolan s'est imprégné de la thématique du temps que l'on retrouve depuis Memento jusqu'à Dunkerque que j'inclus également. Après les rêves, Gotham et les étoiles, Nolan revient en force avec un film de guerre qui m'a bluffé. Décortiquons ce nouveau film.


Pour commencer, il y a deux trois points à poser pour bien comprendre l'enjeu autour de ce film. Plusieurs fois, Nolan a expliqué qu'il ne souhaitait pas raconter de manière héroïque cette histoire. Cela est totalement logique. Rappelons les faits: Dunkerque ou l'opération Dynamo, est une mission de sauvetage, 400000 soldats piégés entre l'horreur du nazisme et un mur d'eau. Un seul espoir, un miracle. C'est là le premier enjeu de Dunkerque: c'est une défaite pour l'armée anglaise, une cinglante déroute qui a marqué l'histoire. A quoi bon raconter une histoire où l'héroïsme de la guerre, les méchants et les gentils n'existent pas? Voilà le vrai enjeu de Dunkerque.


Dunkerque met en avant le côté cru de la guerre. Même si j'adore les films de guerre où un personnage change le cours de l'histoire, il faut bien reconnaître que cela ne retranscrit pas la réalité. La grande force de Dunkerque est la suivante: il donne une idée de l'horreur de la guerre. Il donne une idée de la peur, des conditions de vie, de l'attente, du danger qu'ont subit ces soldats qui se sont battus pour nos libertés. L'importance du film réside dans cette idée d'archive pourrai-t-on dire, on a l'impression que quelqu'un à ouvert un livre d'histoire, nous a raconté l'opération Dynamo, et a refermé le livre. Mais comment parvenir à donner cette impression de documentaire?


Dès la première séquence, on voit tout de suite la volonté de filmer proche des personnages, cette proximité avec la caméra, comme dans un jeu vidéo de genre FPS mais avec le côté humain qui ressort sans cesse. Car oui, certain passage du film sont éprouvant, certaines décisions des personnages sont horribles mais justifiés. Accentué par cette proximité, Nolan pousse son spectateur dans une immersion totale qui fait dresser les poils. Autre point intéressant, les soldats ne sont pas nommés, ceux sont des inconnus pour nous. Certes, je comprend que cela déplaise à certains car on adore s'identifier aux personnages mais quel est le meilleur moyen pour s'identifier à un personnage? Le fait de ne pas les nommer met le spectateur dans la position suivante: ça aurait put être moi.


Dunkerque est également une merveille cinématographique. Les images sont impressionnantes, le son est réel pour donner cette impression de tension constante, de peur, de nous faire demander comment vont-ils s'en sortir. On reconnait bien la patte de Nolan à travers le 70 mm qui offre des pistes sons parfaites pour ce genre de film et des plans d'ensemble grandiose pour montrer l'horreur de la guerre.


Dunkerque est assurément un des plus grands films de cette année 2017 et se classe parmi les plus grands films de guerre que nous ayons connu. Par cette volonté de montrer la guerre comme elle est, Nolan parvient à éblouir et terrifier le spectateur. Il n'y a pas de héros, juste des hommes luttant pour survivre face aux éléments, aux obus, aux peurs. La question est la suivant: qu'aurions nous fait à leur place? Dunkerque: le film que l'on attendait plus.

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le 20 juil. 2017

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Bastien Rae

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