Comme je le fais de temps à autre, deux critiques, écrites à ans d'intervalle et se ressemblant finalement plus que je n'aurais pensé.


Première critique (7/10) :


Film culte et reflet de toute une époque, je dois avouer être quelque peu resté sur ma faim en ce qui concerne ce "Easy Rider". Cela dit, il est tout de même impressionnant de voir qu'aujourd'hui ce film garde un réel intérêt, aussi bien par la personnalité de ces deux réalisateurs fous (Peter Fonda est en réalité quasiment plus l'auteur du film que Dennis Hopper) que par sa vision d'une Amérique que nous avions jusqu'alors peu eu l'occasion de voir au cinéma. Il n'y a ainsi pas vraiment d'histoire, mais surtout des gueules assez inoubliables ainsi qu'un constat des plus intéressants sur cette face cachée des Etats-Unis, au fond ni meilleur ni pire que le reste du pays : juste intolérante.


De plus, la bande-originale s'avère être un véritable régal, si bien qu'au final c'est tout de même un assez bon moment que nous fait passer cet "Easy Rider". Cela dit, on restera quelque peu dubitatif sur certains choix de mise en scène psychédélique, et qui en définitive ne font qu'alourdir inutilement le propos du film. En somme, et même si l’œuvre n'est donc pas exempt de tout reproche, il reste encore aujourd'hui un film percutant, sachant qui plus est nous offrir quelques très bons moments : je ne saurais donc que trop vous conseiller de le découvrir, ne serait-ce que pour vous faire votre propre opinion. Une expérience.


Seconde critique (6/10) (2021) :


Le prototype absolu du film culte, véritable emblème et porte-parole de la contre-culture, reflet d'une Amérique qu'on ne voyait alors jamais, dont on ne parlait jamais (ou de façon très caricaturale) et l'un des moments fondateurs du Nouvel Hollywood. Alors quel regard porte un européen né à la fin des années 80 sur « Easy Rider » ? Et bien que si certains aspects ont bien vieilli, d'autres beaucoup moins.


Côté positif, la bande-originale est un régal, ton donné d'emblée par le mythique « Born to Be Wild  » de Steppenwolf et qui restera à ce niveau d'excellence jusqu'au bout. L'immersion à travers ces grands espaces est également une belle réussite pour les yeux, nous sentant pleinement aux côtés des deux motards du début à la fin, même si le personnage interprété par Peter Fonda se révèle plus complexe que celui de Dennis Hopper.


Il y a aussi un vrai plaisir à se retrouver plongé du « sex and drugs », notamment lors d'une scène ouvertement psychédélique pas mal en rupture avec le reste (et malheureusement un peu longue, j'y reviendrai). Et s'il y a beaucoup de bienveillance vis-à-vis de ses protagonistes, il n'y a pour autant aucune naïveté quant au regard porté sur ces marginaux, à l'image d'un dénouement difficilement oubliable.


Côté négatif, le budget, rendu d'autant plus visible par le manque de maîtrise de Dennis Hopper derrière la caméra, loupant plusieurs scènes (dénouement compris!) à ce niveau. Il a beaucoup de mal à trouver l'équilibre, rallongeant inutilement certains moments, appuyant trop régulièrement son propos (certes, la scène du restaurant est efficace, mais c'est vraiment « too much », empêchant une plus grande fluidité dans le récit, parfois légèrement ennuyeux.


Maintenant, il est évident qu'on ne regarde pas « Easy Rider » comme n'importe quel titre et l'on peut aisément comprendre l'onde de choc provoqué alors, même si, en 2021, ses défauts apparaissent sans doute plus prononcés qu'en 1969. Pour sa (contre-)culture personnelle.

Caine78
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le 26 mars 2018

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Caine78

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