Véritable porte étendard de ce que l’on appelle communément Le Nouvel Hollywood, Easy Rider est un film dépassé par sa réputation. Bien que je lui admette son aspect novateur, sa BO exquise et son côté très libertaire, je peine à véritablement apprécier ce film. Il faut dire, ça fait des années qu’on m’en parle, on me l’avait tellement vendu comme un truc novateur, que je m’attendais presque à voir un Scorcese ou un Coppola.
Et c’est bien là le souci. C’est qu’Easy Rider a beau être considéré comme le « film référence du Nouvel Hollywood », il n’est certainement pas le meilleur film de cette période. Certains réalisateurs comme ceux que j’ai cité plus haut nous ont offert des œuvres bien plus forts. Taxi Driver pour Scorcese, Le Parrain ou Conversation Secrète pour Coppola, ou encore Spielberg avec Jaws. Ce sont des films qui se sont affranchis de pas mal de règles cinématographiques de l’époque tout en offrant quelque chose de cohérent, bien écrit, bien interprété, bref, un bon truc. Ce qui, à mon sens, n’est pas le cas de ce fameux Easy Rider.
Alors certes, dans son essence même, le film évoque ce côté très libertaire typique du Nouvel Hollywood. On parle de ce que l’on veut et on n’est plus emmerdé par le code Hays, donc là, on peut parler de hippies, de cheveux longs, de drogues, etc… Même dans sa structure narrative et son montage, Easy Rider évoque parfaitement cette période du cinéma américain. Les transitions assez saccadées entre deux séquences, le fait que les personnages se dirigent où bon leur semble et au gré de leurs désirs, l’imprévisibilité des rencontres et donc des intrigues. Et c’est pas quelque chose que je critique, au contraire, je trouve que sur le papier, c’est vraiment cool. Ça me tente bien des expérimentations de montage, des intrigues qui sortent de nulle part (puisqu’on est quand même dans un road movie et que, par conséquent, on ne sait jamais sur quoi on va tomber). Mon réel souci, c’est que pendant tout mon visionnage… bah je m’ennuyais pas mal.
Et c’est con, parce qu’en soit, je lui trouve de bonnes qualités à ce film. Je trouve qu’il dépeint assez bien l’état d’esprit des USA, ce racisme ambiant de la part de certains ricains et ce désir de liberté de la jeunesse. Mais c’est juste qu’en soit, je trouve pas que c’est un bon film, parce que je m’ennuie.
Je m’ennuie devant ce film, parce que je trouve que ça structure narrative est pas assez solide pour vraiment nous tenir en haleine tout du long. J’ai pas été happé par l’ambiance du film pour éprouver un véritable intérêt. Je peux tout à fait comprendre qu’on entre carrément dans cette ambiance. Et moi-même, je suis assez surpris d’être hermétique à cette ambiance malgré les nombreux morceaux de rocks qui parcourent le long métrage. Mais même avec les chansons de rocks, ce film ne m’accroche pas, et ce, pour pas mal de raisons.
Tout d’abord, je trouve qu’il y a beaucoup trop de scènes où les personnages roulent avec du rock en fond. Alors oui, les paysages américains, c’est très joli, le rock, j’adore ça, mais ça raconte rien. Et au final, sur une heure trente de film, on a bien une demi-heure de Peter Fonda et Denis Hopper qui sillonnent les routes sur leurs grosses motos, ce qui au final, n’a pas grand intérêt.
Donc ça, ce sont les scènes sur la route, mais même les autres scènes, je les trouve vraiment plates. La moitié des scènes, c’est Fonda et Hopper qui se roulent un joint au coin du feu en parlant de l’argent qu’ils ont gagné et de leur grand rêve (qu’on ne saura jamais). Alors oui, Fonda a de la classe avec ses lunettes de soleil, Hopper a tout du mec cool avec son chapeau et ses longs cheveux, mais là encore… j’y trouve pas d’intérêt parce que ça me raconte quasiment rien. Ils roulent, ils rencontrent quelqu’un ou une communauté, fument un joint, repartent. Alors d’accord, on a toujours ce fond politique sur la jeunesse libertaire et la vieillesse réfractaire et raciste, mais pour moi, ça n’évolue pas, ça ne suffit pas.
Quand enfin, le film trouve un intérêt à mes yeux : Jack Nicholson. Et je dis pas ça parce que Nicholson est un de mes acteurs préférés. Je trouve qu’il apporte réellement quelque chose au film, et en même temps, il me fait comprendre pourquoi je n’apprécie guère ce long-métrage. Nicholson interprète un jeune avocat qui fuit son quotidien morose et rangé via l’alcool. Quand Fonda et Hopper débarquent, il y voit une opportunité de fuir et embarque avec eux. Ce personnage apparaît vingt minutes dans le film et c’est celui auquel on s’attache le plus. Pourquoi ? Parce que c’est le personnage dont on sait le plus de choses. Le personnage le plus proche du nous, le personnage qui, en même temps que le spectateur, expérimente le joint, la liberté, la route. Du coup, ça m’a fait prendre du recul concernant les personnages de Fonda et Hopper et je me suis rendu compte que je ne savais rien d’eux, pire, que j’en avais rien à foutre d’eux. Du coup, quand vient le final quand même sacrément débile, je n’avais aucun sentiment de tristesse envers Hopper et Fonda contrairement à la fin du personnage de Nicholson. En fait, je ne ressentais aucun sentiment, rien nada. Le seul personnage, les seuls vingt minutes qui m’ont vraiment accroché, c’était quand Nicholson était à l’écran : parce que son personnage a un objectif, parce qu’on est curieux de connaître son destin, parce qu’il a une évolution. Mais tout le reste du film, pour moi, c’est fade.
Donc finalement, je suis vraiment content de la présence de Nicholson dans ce film. D’abord parce qu’il contient à lui seul, l’unique intérêt que je porte pour ce long-métrage, et qu’en plus, il m’a permis de comprendre pourquoi le reste du film ne m’intéressait pas. Des personnages creux qu’on est un peu forcé de suivre, un rythme quand même sacrément bâtard, et un montage avec parfois de bonnes idées, parfois des moments de réelle gène (les cinq minutes psychédéliques avec les deux prostituées, vraiment, non). Donc voilà, Easy Rider est peut-être un film novateur, une représentation de la jeunesse américaine des années sixties, le porte étendard du Nouvel Hollywood, pour moi, ça sera surtout un film bancal et pas franchement intéressant.

Créée

le 1 nov. 2019

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James-Betaman

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