Le plus étrange avec Easy Rider, c'est bien justement son étrangeté. Du genre road movie en pleine Purple Haze, on y entend d'ailleurs du Hendrix. Dennis Hopper, alors réalisateur débutant, contribue parfaitement à l'alliage quasi parfait de pure chronique sociale, pur film de gros bras -hippies tout de même-, l'ensemble soutenu par des envolées psychédéliques qui s'incrustent à la pellicule. Prêtes à partir en syncope, chaque séquence au coin du feu débute par des appels de phares hypnotisants et dérangeants, comme pour souligner d'un trait le trip qui s'amorce. C'est aussi là que le bât blesse, car si le procédé est remarquable et annonce déjà un Dennis Hopper au vrai tempérament de cinéaste, il fait quand même bien tache. Comprenons par là que l'effet n'est pas maîtrisé et que le film souffre en plus d'un montage fait à la scie. A l'image d'une "bouffée d'herbe fraîche", le film est aussi traversé par des moments de flottements bien embêtants mais qui participent au caractère planant du film. Il faut aimer, mais malgré ces défauts, la moustache de Dennis Hopper et l'extraordinaire passivité de Peter Fonda, le sens du flottement en tant que pur langage cinématographique et une bande-son remarquable (jamais un titre des Byrds n'aura été aussi bien utilisé au cinéma, jamais un générique final aussi poignant), Easy Rider s'impose avec d'autres titres du genre, comme le Macadam à deux voies de Monte Hellman, comme une référence du road movie au sens le plus "libre" du terme.
XavierChan
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le 14 nov. 2011

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