El club a été entièrement tourné en lumières naturelles et exclusivement sous celles de l'aube et du crépuscule. Et, pour renforcer l'effet claustrophobe du film, Pablo Larrain a utilisé des lentilles soviétiques du début des années 60 et des filtres identiques à ceux qu’Andreï Tarkovski utilisait. D’un point de vue photographie et à une époque où le numérique se généralise, le pari est audacieux.
L'objectif affiché par le réalisateur est de donner la sensation d'être perdu dans les méandres d'un mauvais cauchemar. L’esthétique qui en ressort est très particulière. Cet effet voulu nuit cependant à la narration car les résultats obtenus apparaissent parfois contreproductifs, en particulier sur les gros plans. Les images produites sont globalement sombres et leur netteté est aléatoire.
Bien que illuminé par une superbe bande son faisant la part belle à J.S. Bach et Arvo Pärt, El club se révèle donc visuellement sombre. Son sujet et les relations entre ses personnages le sont également. En disséquant une communauté religieuse marginalisée pour cause d'actes pédophiles, Pablo Larrain dénonce le système d'impunité mis en place par l'église catholique. A savoir l’isolement des religieux coupables de délits sexuels avant que les faits ne soient médiatisés.
Par sa violence allant crescendo, l'épilogue du film prend les allures d’un chemin de croix christique. Le sujet est très lourd et relaté sans faux-semblants. Si les images sont « filtrées », les échanges verbaux eux ne le sont aucunement. Film cru, rugueux et sans concession, El club, lauréat de l'Ours d'argent à la Berlinale 2015, s’adresse plutôt à un public averti.

In_Cine_Veritas
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le 13 avr. 2018

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