"El Topo", western réalisé en 1972 par Alejandro Jodorowsky. Il raconte l'histoire d'El Topo, un messie-justicier du désert texan/mexicain qui, pour se faire aimer d'une femme, va tuer quatre grands maîtres pistoleros, renonçant ainsi à sa morale. Cela fait, il sera atteint de la révélation et, pour sa rédemption, aidera une communauté de proscris.
Au commencement, El Topo est accompagné d'un enfant nu, alors que lui-même est un être sombre, habillé de cuir, qui s'abat sans pitié sur les bandits. Il trouve dans le sable des oeufs, dans les rochers des sources, la nature est à son service. Le duo El Topo-Enfant symbolise donc cette double condition, celle de punition divine, mais aussi celle d'Adam lors du commencement des temps.
Puis, il est donné à El Topo une femme, et il renonce à l'Enfant. Par cette Eve, El Topo abandonnera ses principes, sa morale, tuant quatre innocents par la ruse. Ainsi, il atteindra la connaissance et suppliera Dieu. Il symbolise à ce moment Adam ayant mangé le fruit interdit sous la pression de la femme corruptrice, Eve.
Ensuite, El Topo se fait trahir par sa femme, et il meurt alors. Il se réveille dans une grotte, déifié par une communauté de consanguins chassés de la ville voisine. Il symbolise Jésus ressuscitant après sa mort causée par la trahison de Judas, mais aussi Moïse naissant parmi les Hébreux pour libérer ceux-ci. En effet, il décidera de libérer la communauté de proscris de leur prison. Il ira pour cela, accompagné d'une naine, mendier dans la ville voisine, antre de la folie, Sodome moderne, où les dépravés font les lois, où les noirs sont traités comme du bétail et où l'office catholique se fait à la roulette russe.
Finalement, quand les consanguins, enfin libres, se font massacrés, fusillés par les Sodomites tels des taupes innocentes tuées par des rayons de lumières néfastes, El Topo retourne à son état original ; le châtiment divin, le feu, qui rase la ville impure.
Et tout recommence, à travers l'Enfant, devenu El Topo, voyageant avec un enfant.
Mise en scène, ambiance, la musique mêlant disco, jazz et musique de western, tout est presque parfait. Presque, car on pourra cependant critiquer un côté très homophobe du film (les homosexuels qu'on voit : des bandits complètement sadiques et dingues, Eve et le "serpent", le shérif de Sodome, avec son dingue d'amant en tenue de mariée), et assez machiste, avec un seul personnage féminin bénéfique (qu'on pourrait peut-être voir comme Marie) et une grande majorité malfaisante.
Mais, cependant, le plus important pour moi, c'est que pas une seule fois on a envie de lâcher l'écran des yeux, ce qui en fait à mon avis un bon film, et on se sent transporté dans un voyage spirituel digne de celui d'El Topo.