Eldorado c'est le film que t'a conseillé pendant des mois un amis et que tu n'a jamais regardé. C'est le sombre film qui te propose un road trip entre Charleroi et Anvers, ça dure 1h20 et c'est dirigé par un monsieur qui a participé à certains des pires plateaux de cinémas français récents. Pris en otage, tu finis par le voir.

On peut au moins reconnaître à ce film son honnêteté. Les dialogues sentent le vrai et retranscrivent une certaine authenticité dans la communication. C'est tout simplement bien joué. Minimaliste, c'est très court, et c'est un anti-spectacle qui fait crier son sujet, qui m'a semblé être la communication, le contact, et la sociabilisation malade.

On a affaire tout au long du film à des handicapés sociaux baignés dans un tableau de la Belgique. C'est une Belgique éthérée où les distances sont plus grandes, comme pour illustrer la fragmentation du tissu social. Les seuls groupes qu'on aperçois sont désuets, affranchis de leurs illusions et anomiques. Le campeur n'a plus aucune norme; les motars laissent le chien creuver au bord de la route, "comme pour un humain"; la mère laisse le père terminer son travail de destruction éducative sur son fils; et les collègues n'ont plus rien à se dire autour de leur café. Plus rien ne fonctionne
La bonne surprise, qui est finalement très logique dans le circuit du film, c'est la conclusion fataliste du film. Elle termine de peindre une atmosphère sociale à court de carburant, où les enfants s'annoncent pires que les parents et auquel le seul Eldorado n'est pas une destination, mais un chemin : une fuite.

Lanners, qui tient le rôle principal, est celui qui nous semble le plus normal et c'est pourquoi il en devient singulier. On suit sa route, accompagné (ou accablé) d'un échantillon de jeunesse perdue qui pratique son Eldorado du début à la fin du film. Ce brave type, un peu bourru et portant le deuil du rapport aux autres qu'il ne retrouve plus, conclue le film dans un geste bien symbolique ...

Superbe.

Créée

le 23 avr. 2013

Critique lue 502 fois

8 j'aime

Krantz

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8

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