Dans Eldorado, les gens sont assez cons, et ils le savent. Alors, la plupart du temps, ils se taisent.
C’est mieux comme ça.
Parce que sinon, ils ont tendance à ne pas savoir quand fermer leur gueule, et le jeu du « Non – Si » peut durer au-delà de toute limite raisonnable, ou se disputer à propos de cigarettes qui n’existent pas.

Dans Eldorado, il y a des morts. Que ce soit des frères ou des chiens ne change pas grand-chose. On porte toujours ça avec la même peine rentrée, et on va de l’avant.
Il y a des gens, aussi, au fil de la route. C’est sympa, parce qu’ils sont aussi étranges que les visiteurs. Alain Delon est un naturiste solidaire, et tous, à un moment ou un autre, ont un conseil à donner. On écoute, ou pas, et on reprend le volant.

Dans Eldorado, les paysages et la photographie sont superbes, tout comme la bande originale. Tout ce qui entoure et emballe les gens, en fait. Comme pour combler ; ou justifier qu’on continuer de tracer sous ce ciel bas et lourd, vers une frontière qui n’advient pas.

Dans Eldorado, on se fout clairement de notre gueule, et c’est là la grande réussite du film. On nous fait croire un moment que le film qui partait tellement de côté va finir par reprendre les rails de la convenance. Amitié, rédemption, deuil, décrochage de la dope, tout ça. Et on laisse en plan le spectateur comme le personnage principal, face au trou du réel et à celui qu’il creuse dans un champ. On boucle une boucle, mais pas la bonne, et on attend le noir de l’écran qui nous force à quitter ces compagnons éphémères.

Floués.

Emus.

Chapeau.

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le 2 mars 2015

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Sergent_Pepper

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