Une sublimation du malaise.
Enorme. Magnifique. Ce film est passionnant, envoûtant car il est ambigu, à la fois effrayant et profondément touchant. Il nous touche par l'ambivalence de ce qu'il montre, d'un côté la pureté et l'incompréhension d'un « monstre », de l'autre le monde cruel et noir des « hommes ». Sublimé par le noir et blanc, le récit alterne entre un côté malfaisant et glauque et une douceur, voire une innocence. Hopkins est terrible, hésitant entre la fascination malsaine d'un médecin arriviste, et l'humanité profonde et altruiste. John Hurt, bien que méconnaissable, signe son plus beau rôle : faire transparaître l'humanité derrière la face du monstre. Lynch nous livre un film lyrique, métaphorique, esthétique, qui porte d'abord sur la fascination : celle des curieux, celle des scientifiques,...Celle du spectateur. Fascination malsaine, puis fascination respectueuse. Rondement bien menée (Merrick l'Elephant Man apparaît peu à peu, on le voit d'abord à travers les réactions des gens, laissant un mystère), cette obscurité évolue, et laisse apparaître un peu d'espoir, de tolérance, mais aussi une profonde mélancolie, et de l'hypocrisie. Bref dans ce bouillon d'émotions, on se sent mal à l'aise car on sait qu'au fond de nous on peut être comme ces gens qui rejettent Merrick. Mais d'une autre manière on peut aussi se sentir comme Merrick.... L'humanité se révèle monstrueuse face à l'inconnu. Finalement n'est pas le monstre qui l'on croit...