Eletrodoméstica
6.6
Eletrodoméstica

Court-métrage de Kleber Mendonça Filho (2005)

C’est le brouillon d’une petite partie des Bruits de Recife. Après une introduction chantée et une succession de plans extérieurs, tout se passe dans un appartement dans lequel vivent une mère et ses deux enfants. Tâches quotidiennes pour l’une, télévisions et jeux divers pour les autres. C’est le son qui rythme tout le film et comme le titre l’indique, c’est la musique de la vie domestique – Une version apaisante du destructeur Le septième continent, de Haneke. Un bruit de chantier qui restera au dehors, hors-champ se mélange à celui plus ostensible de l’électro-ménager dans l’appartement : Micro-ondes, aspirateur, mixeur, machine à laver, lesquels Filho n’hésite pas à régulièrement saisir au moyen d’inserts brefs et répétés. On retrouve certains gestes de son long métrage à venir : Ce joint que l’on fume en solitaire et dont on rejette la fumée dans le tuyau de l’aspirateur pour ne pas qu’elle se dissipe dans l’appartement ; La livraison de la télévision 29 pouces, qui supplante la précédente (Un plan sur une table basse remplie d’une multitude de télécommandes revient souvent) ; Et il y a l’orgasme que la mère vient chercher sur sa machine à laver en mode essorage. Mais il y a surtout des portes, des grilles qui s’ouvrent sur d’autres grilles, des fenêtres protégées. Et de temps à autres un plan sur une montre, que la mère guette sans cesse, moins pour étendre son linge en temps et en heure (On pense d’ailleurs à Jeanne Dielman, notamment durant cette coupure de courant, dont on imagine un instant qu’elle va briser ce rituel ordonné) que pour effectuer sa petite messe de plaisir solitaire. Et il y a ce doux moment où un homme sonne à la porte, sans doute un ouvrier du chantier d’à côté ; Il demande un verre d’eau et la mère de famille va lui apporter une bouteille et une mangue. De toutes les maisons qu’il a abordées, dit-il, c’est la seule qui s’est ouverte. Pied de nez parmi d’autres plus abstraits approfondis dans Les bruits de Recife, que Filho fait à Setubal, véritable forteresse moyenne, repliée sur elle-même, ses peurs et sa parano sécuritaire. Le final, très beau, évoque Zabriskie point, rien d’étonnant tant on sent l’œuvre du brésilien proche des thématiques antonionienne.

JanosValuska
6
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le 12 déc. 2016

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