Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Je suis parti avec un certain handicap avant de pouvoir regarder le dernier film du Hollandais énervé: à cause d'une presse trop bavarde, je savais déjà qui était l'interprète du violeur (bien que je ne me rappelasse guère du visage de cet acteur avant qu'il n'apparaisse à l'écran...).
Cela dit, je me retrouve donc devant le film le plus tordu de ce Verhoeven encore très en forme!
Passé le fait d'être dans une production à majorité française, le long métrage se déroule devant mes yeux ébahis: personnages à la limite d'être des freaks (
Michèle sortant avec le mari de sa meilleure amie, son fils étant sous la coupe d'une insupportable hystérique calculatrice et "père" d'un enfant noir -ils ne le sont ni l'un ni l'autre et ce dernier ne semble pas s'en rendre compte- l'ex de Michèle entretenant une relation avec une jeunette qui le confond avec un autre auteur homonyme, la voisine grenouille de bénitier mariée à un pervers sexuel...)
sous la houlette acerbe du réalisateur qui en a toujours sous le pied.
Cela faisait longtemps que je ne m'étais retrouvé devant un film inconfortable!
Inconfortable de par ses situations incroyables, faisant presque ressembler Elle à une sorte de film d'horreur -psychologiquement parlant- de par cette violence couplée au sexe, aux mensonges et aux mots.
A mes yeux, il règne sur ce long métrage une froideur métallique...C'est la première métaphore qui me vient à l'esprit. Une sorte de regard clinique sur ces quelques personnages qui se débattent dans leurs propres mondes.
Petit détour via les acteurs principaux:
Isabelle Huppert semble s'être mise à nue dans tous les sens du terme. Son personnage borderline parait glisser aux confins d'une certaine folie rentrée, son background familial en étant la cause première. Outre ses scènes très physiques, elle laisse échapper une amorce de sourire glacial dans certaines situations, où sa part d'ombre parait presque à la lueur du jour.
Huppert de par son jeu parfait, laisse éclater toute la complexité de son personnage ambiguë, dont ses réactions détonantes par rapport à l'action ne sont pas des moindres.
Le duo Jonas Bloquet (Vincent, fils de Michèle) et Alice Isaaz (Josie, sa compagne) arrivent sans mal à donner corps à ce jeune couple bancal dominé/dominant, laissant augurer d'un futur chaotique au vu de leur dernière scène.
Laurent Lafitte (dont je ne me rappelle aucun de ses rôles) incarne le chaud et le froid avec une certaine aisance mais ses scènes sont toujours éclipsées par la présence écrasante de Dame Huppert, qui vampirise littéralement l'écran.
L'on y croise aussi Virginie Effira (un peu sous-exploitée dans le rôle de la bigote Rebecca), Charles Berling en ex un peu perdu et Anne Consigny (que je ne connaissais pas) dans les bottes de la meilleure amie (reflet positif?) de Michèle...
Venant juste de voir ce film, je manque du recul nécessaire pour approfondir la question, mais Verhoeven prouve -si besoin est- qu'il est un réalisateur précieux, capable d'illustrer aussi bien les états d'âmes d'un cyborg ou une charge anti-militariste, qu'un drame "ordinaire", tant est qu'il puisse y avoir une certaine normalisation de l'ordinaire sous la caméra experte de ce bon vieux Paulo...
Bref, l'on aurait pu accoler sur l'affiche, la tagline de Tenue de soirée: "PUTAIN DE FILM", tant ce retour de Verhoeven donne un film tordu, étrange et somme toute, une œuvre singulièrement dérangeante...
Créée
le 4 oct. 2016
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