Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Paulo a un problème. Il est boudé par Hollywood. Il a du mal à financer ses réalisations pour le moins fantasques. Qu’à cela ne tienne, il se tourne vers l’international, et se retrouve à Paris, à adapter du Djian. Pas banal. Il choisit une actrice aussi barge que lui, voire plus. Isabelle H. C’est Elle. Michèle. C’est une féline, qui dirige une entreprise de jeux vidéos pour adultes, ou ados frustrés. Entourée de mâles en rut, qu’elle dirige d’une main de fer, elle vend un mélange de sexe et d’héroic fantasy assez douteux. Voilà que, Elle qui entre chez elle, et se fait violer dans l’appartement chic, sous l’œil du chat...
Je ne devrais peut-être pas dire ça, mais Elle/Isabelle, qui se fait violer sous la caméra de Paul…c’est beau. La forme dépasse le fond, dans un mélange de jeu d’actrice, de total contrôle, et de stylisation digne d’une pub pour une marque de lave-vaisselle à la mode. Elle le prend plutôt bien. Le viol. Elle sermonne benoîtement le chat : « Tu aurais pût me dire qu’il était là, toi. » Et pis c’est tout ?! Elle vaque à ses occupations habituelles comme si de rien n’était. Elle a pris ça un peu comme une facture. Elle ne dit rien. Ça veut dire quoi ? Ambigüité au programme. Encore une fois, Paulo se moque de nous. Et ça c’est rien. Ça se décline entre thriller farce, et délire à la Verhoeven. Elle a un beau pédigrée, Elle. Un père serial killer, un fils idiot, un ex mari transparent, un amant qui ressemble à une bite sur pattes. Comme souvent les hommes ne sont pas bien traités. Paulo préfère les femmes.
Elle est maniaque, jusqu’à la perversité. Un peu névro sur ls bords, non ? Et la forme finit par supplanter le fond complètement. On pourrait dire, heureusement, car se serait décidément pas crédible du tout, ce film. Il s’amuse Paulo. Maîtrise impeccable du cadrage, et narration plus que débridée. Son exploit ici, c’est de donner à Isabelle son plus beau rôle depuis longtemps. Isabelle révélée à nouveau, mais par Paulo. C’est la première rencontre entre deux malades, et c’est explosif ! Le résultat ? C’est un rébus. Qui est ce violeur ? Un voisin ? Un collègue ? Une vengeance, peut-être ? Son père a tué des gens dans des circonstances atroces…Elle ne prévient pas la police, car ce film est un jeu vidéo. (Vidéogame). Un chassé croisé entre une innocente victime femelle, et un prédateur mâle, masqué. Déconcertante relation d’attraction-répulsion, entre l’objet et le sujet. On dirait qu’elle prend du plaisir en plus…à se faire violer( ?) Elle aime ça ? Elle est folle ?
Ou tout simplement, Elle a un plan ? Comme toutes les femmes de pouvoir, elle sait bien où se trouve le sujet (elle), et l’objet (sa chatte). Elle utilisera son corps pour parvenir à ses fins. Film irréaliste, comme à peu près tout ce que fait Paulo. Irréaliste, mais bandant. Elle et elle, se confondent. Paulo a gagné. Il offre à Elle, sa plus décoiffante prestation depuis Haneke. Finalement, la vraie victime du jeu, sera ce serial violeur, qui ne pense qu’avec sa bite. Bite-dans-le-cerveau, je l’appelle. Et moi, coincé entre paranoïa et voyeurisme, j’ai jouit. Thriller décapant et drôle. Retour gagnant de Paulo. Par contre, Virginie Efira dans le rôle de la catho pratiquante coincée, qui ne pense qu’à aller au pèlerinage à LOURDES ( ) ? J’ai eut du mal. Et puis je me suis dit que Paulo a le mauvais goût chevillé au corps, et le sens de la transgression affiché. Il est comme ça. Une blonde dans le casting. Une blonde bandante dans le casting ? Super ! On va en faire une bonne sœur. Il est comme ça, mon Paulo. À part ça, les seconds rôles sont top. Tous français. Très pros. Premier film français de Paulo. Et c’est une leçon. Tous les autres cinéastes français, peuvent aller se rhabiller. Pas mal comme retour, hein ?
Le seul petit hic, c’est que ça ressemble beaucoup à un exercice de style, qui ne change en rien de tout ce qu’il a fait avant. Une compil du parfait petit cinématographe du hollandais violent. Viol(ence), érotisme soft, provoc, humour vache. Et… Ah ben, non ! Voilà qu’elle se fait re-violer l’autre. Elle fait exprès ? Et mon violeur qui réapparaît, en mode Total Recall. Comme un violeur. Elle aime ça, ou quoi ? Et puis cette relation bizarre avec les hommes. Son ex, (souffre-douleur), son copain, (un baiseur), sa copine (Anne Consigny)... Hum. Va-t-il y avoir une scène chaude, genre baiser mouillé entre MILFS encore chaudes ? Mystère…Mais chut. Regardons. Car je crois que, Elle a un plan.
PS : Tiens, tiens. Isabelle a eut le Golden Globe pour sa prestation. Logique. Rêvons plus loin. Je mise Paulo, oscar du meilleur film pour Elle. Trump président des USA, tout devient possible.
Hollywood lâche-toi un peu, venge-toi. Décoince ! Débranche tout !
Créée
le 1 févr. 2017
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