Satire plaisante, ça se regarde comme un bon Chabrol. Manque peut-être l'audace d'un Verhoeven appliqué mais embourgeoisé et trop sage.

La satire est plaisante, ça se regarde comme un bon Chabrol. Même si justement la satire ne va pas assez loin à mon goût. Quand le personnage d’Isabelle Huppert évoque son viol à ses amis, l’actrice et le réalisateur font le choix du réalisme, de la cohérence psychologique. On se trouve alors un peu coi à essayer de comprendre, à scruter la réaction de tous après ces aveux, mais finalement on ne réagit pas. L’étonnement reste timide, attentif, au lieu de créer un malaise (né justement de l’amusement de la satire). Psychologiquement, cette réaction faussement désintéressée peut s’expliquer, et il n’y a aucune raison d’être mal à l’aise, choqué ou scandalisé. Là où ç’aurait été bien plus subversif et aurait questionné notre rapport, nous, spectateurs, au(x) viol(s), ç’aurait été d’insister bien plus sur le décalage, si la scène tournait à la plaisanterie sans qu’on décèle la moindre parcelle de traumatisme. Parce que le fait de savoir change tout. Huppert et Verhoeven se laissent prendre un peu au piège et tiennent à expliquer le refus du personnage à dramatiser en en faisant un traumatisme souterrain, mais malgré tout, on perçoit ce traumatisme. Trop. Or il est avéré que dans de nombreux traumatismes, et donc plus particulièrement dans le viol, beaucoup de victimes agissent réellement ainsi sans laisser rien paraître avant de voir bien plus tard le traumatisme dont ils ont été victime ressurgir, et les proches s’en étonneraient alors.

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le 10 nov. 2023

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Limguela_Raume

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