Paul Verhoeven a cette particularité de me mettre mal à l'aise en évoquant des scènes de sexe tout autant violentes que sensuelles. En mettant sa mise en scène dans un carcan français j'avais peur qu'il perde cette essence permise dans ses films, tombant dans une aura française décalée avec son sujet.
Que le personnage d'Isabelle Huppert, totalement dans le contrôle, soit foisonnant de détails dans sa caractérisation ne me dérange pas en soit, mais le film n'aura de cesse que de multiplier les intrigues sous-jacentes pour mieux s'éloigner du viol et de ce qu'il implique sur Michèle.
En même temps dès le générique j'ai deviné l'identité du violeur, alors que j’espérais me tromper le film nous révèle le mystère mais pour prendre une tournure des plus étranges. Non pas que l'intrigue pour trouver l'homme était substantielle, mais au moins elle servait de point de départ pour le spectateur qui entrait dans la vie de cette femme par son intimité forcée. Loin de détailler l'impacte sur la victime, qui refuse d'ailleurs ce statut, Elle explore la personnalité d'une femme qui contrôle tout plutôt que de se concentrer sur une pseudo vengeance. Après tout pourquoi ne pas détourner le genre dans autre chose, tantôt comédie, tantôt thriller, mais à trop foisonner Verhoeven oubli parfois l'essentiel.
L'univers du jeu vidéo ne sert ici de prétexte que comme échange de bon procédé publicitaire ; les inepties qu'Huppert sort sur le marketing étant à la limite du caricatural.
Sans compter qu'affubler d'un passif lourd son personnage donne lieu à des scènes peu utiles, et charge la bête.
Le film reste dans les cordes du réalisateur, on ne s'ennuie pas et on y retrouve la violence et le sexe comme thèmes de prédilections, mais à une dose plus fade, moins sensuelle dans les dialogues (l'allusion à la chaudière est digne de la série Marseille quand même). Au final l'intrigue m'a perdu, à force de mener son film dans plusieurs directions quand on n'en attendait pas tant ; dans ces quelques incohérences, le jeu vidéo devient caricatural, la belle fille chiante passe du statut de pétasse à bienvenue sans qu'on ai compris pourquoi ; mais le jeu du chat et de la souris devient lassant, si bien que j'avais de plus en plus de mal à croire en la véracité des personnages.
Un univers étrange qui colle bien au réalisateur mais qui perd en subtilités pour le coup.

LuluCiné
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le 28 mai 2016

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