Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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On peut être cinéphile et passer à côté de certains films. Au vu des résultats des César 2017, je me suis décidée à m’offrir une séance de rattrapage avec « Elle », le film de Verhoeven récompensé comme meilleur film de l’année 2016.
Rappelons qu’il s’agit de l’histoire de Michèle, cette femme qui se fait agresser un soir chez elle, puis continue sa vie comme si de rien n’était. Inflexible elle était, inflexible elle restera.
Il y a quelque chose dans les films de Verhoeven qu’on reconnait tout de suite, cette marque de fabrique qui flirte perpétuellement avec la limite de la vulgarité (limite parfois allégrement franchie – Showgirls restera à cet égard dans les annales – avec 2 n) mais qu’on retrouvait même dans le plutôt estimable Black Book. Quelque chose en rapport avec les actrices qu’il semble se délecter à mettre dans des positions (c’est le cas de le dire) inconfortables et même vaguement humiliantes, c’est probablement ce qui me gêne.
Pourtant « Elle » est censé raconter justement tout le contraire : il n’est pas dit que la femme outragée se laissera rabaisser par ce qu’elle semble considérer comme une mésaventure passagère, il en faut bien plus (mais quoi, alors ??) ; après l’agression, elle se commande des sushis tranquillou, et le lendemain continue à mener sa carrière de patronne d’entreprise de jeux vidéo, méprisante et méprisée. Je n’ai pas lu « Oh… », le livre de Philippe Djian dont c’est l’adaptation, je pense qu’il est certainement plus intéressant et plus fouillé psychologiquement, parce que sur le visage d’Huppert il ne passe pas grand chose. Si tu aimes cette actrice tu vas être comblé, clairement c’est un festival, un mix entre tous ses rôles à la « je-ne-suis-pas-folle-vous-savez », de La Pianiste à My Little princess en passant par Copacabana. Elle est de tous les plans, sacrifiant au passage tous les personnages intéressants mais ô combien transparents derrière la reine Isabelle, Virginie Efira ou Laurent Lafitte en font largement les frais.
Mais le ridicule n’est pas loin, ah non je corrige il est bien là, et là où on aurait pu parler de jeu, de sensualité, de trouble, je n’ai trouvé que gêne pour les acteurs. Entre les mains du réalisateur, ce qui se voulait un portrait intéressant et très inhabituel de femme forte sombre dans l’infiniment glauque, c’est bien dommage.
Créée
le 27 mars 2017
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