Don't mess with Elle (avec des pitis spoilers <3)

J'ai entendu beaucoup de choses sur ce film.


"Alors ouiiii euh, moi je trouve que c'est un film qui banalise clairement le viol kwah".
Alors oui, mais non.
Pour banaliser le viol, encore faudrait-il que le personnage en question soit banal. Or il ne l'est pas. Et surtout, je pense que le propos du film n'est absolument pas là.
Tout d'abord, je pense que ce film maîtrise très bien ce que Hitchcock appelait la "direction de spectateur". Ce film nous balade, et personnellement, j'aime quand le cinéma me mène en bateau.
(Le premier qui fait une blague sur Titanic dans les commentaires...Voilà).


Le film s'ouvre sur les yeux d'un chat, qui assiste au viol. Après cette scène violente suggérée par le hors-champ, le public n'est pas seulement choqué par ce qui'il vient d'entendre, mais par la réaction de l'agressée, Michèle, qui semble s'en battre les steaks au plus grand des calmes. Néanmoins, le film ne manque pas de nous montrer des indices d'un certain traumatisme: le bain juste après le viol, le silence, et lorsqu'elle se rejoue la scène dans sa tête en s'imaginant que c'est elle qui le défonce sa race. Mais elle émane toujours ce dédain et cette indifférence.


En tout cas, n'en déplaise à ceux qui peuvent penser le contraire, le regard que je pose sur un film , est avant tout cinématographique. Il n'est ni social, ni """"FEMINISTE"""" (comme si c'était une insulte tu sais <3) ni que sais-je.
Et c'est un bon film.
Ce personnage principal est extrêmement bien construit, bien joué (moi qui ne suit pas fan d'Isabelle Huppert d'habitude), soulève mille questions, et c'est bien cela qui rend le film riche. On s'en fiche pas mal qu'un film délivre des "messages", ce n'est pas une publicité. Ce qui est intéressant c'est quand un film pose des questions.
Les humains ont-ils une tendance nécessaire à la violence?


Ici, aucun personnage n'est un exemple moral, que ce soit du personnage de Michèle au personnage incarnée par Virginie Effira, cette sorte de dévote aveugle de tout.


Que sait-on de nos désirs, notamment sexuels ? Pas grand chose. L'être social que nous montrons aux autres cache bien souvent ce que nous désirons profondément. A une époque où on veut faire croire que la sexualité est sans complexe, on oublie souvent qu'une femme qui se masturbe, bah on en voit pas encore beaucoup au cinéma eh ouais. Et souvent quand on en voit une, c'est synonyme de trouble intérieur (Coucou



Black Swan



).


L'absence d'amour est un grand thème de ce film. Personne ne semble s'aimer. Et voyez-en les dégâts. Chaque exemple de couple est une catastrophe: le couple de voisins, le couple du fils de Michèle...


La seule relation qui semble stable est l'amitié entre Michèle et Anna. Même quand elle apprend qu'elle couchait avec son mari, Anna lui pardonne. Elles ont même une scène intime dont on ne connaît pas l'issue puisqu'elle est ellipsée ... Cette relation pose également beaucoup de questions !! Oui j'aime les questions !!


Bref, une réalisation efficace, des personnages qui tiennent la route, une belle interprétation, un peu d'humour (bawi sinon c'est lourd quoi), c'est un bon film que je vous recommande.

LouHoward
8
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le 1 juil. 2016

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Lou Howard

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