Faire face à un mystère, c’est aussi faire face à l’irrépressible envie de le résoudre. C’est, en tout cas, ce qui anime souvent les personnages des films noirs, comme Mike Hammer, le héros d’En quatrième vitesse.


Lors d’une virée nocturne, le détective manque de renverser une femme venue l’arrêter en plein milieu de la route. Poursuivie par on ne sait qui, elle est sauvée par l’homme qui, une fois la peur et la colère passées, va tenter de mieux connaître cette femme, avant que le drame fatidique ne se produise. Qui était elle ? Qui l’a tuée et, surtout, qui pouvait bien vouloir la tuer ? Encore une fois, le hasard fait des siennes, et, alors qu’une porte s’ouvre, c’est un couloir plein d’embranchements qui s’offre au détective, qui ne se doute pas un instant de ce dont quoi il vient se mêler. Car sa spécialité jusqu’ici était les enquêtes liées aux histoires de couples et d’adultères, mais cette affaire semble liée à un important complot dont la source semble elle-même extrêmement bien cachée. Nous voici donc en compagnie du détective Mike Hammer, pour partir à la chasse de l’inconnu, et affronter les plus grands dangers.


Hammer ne fait pas dans la dentelle. Son enquête, il la mène tambour battant et sans détour, quitte à devoir abîmer ses interlocuteurs, parfois peu bavards, à coups de droites et de gifles. Ici, la curiosité est trop forte, la vérité doit être découverte, quitte à devoir passer au-delà des règles traditionnelles et à bafouer la loi. Après tout, en tant que détective, Hammer agit à son compte et n’en doit à personne. C’est ce qui fait l’intérêt de cette enquête, qui montre la quête d’un homme qui fait son métier, mais à des fins personnelles, car s’il n’était pas la cible principale des gangsters qui ont éliminé Christina au début du film, ils se sont aussi attaqués à lui. En quatrième vitesse vient raconter une enquête palpitante qui mêle mystère, vengeance, manipulations et trahisons, nous attrapant au vol pour ne jamais nous lâcher.


Il est difficile de cerner un élément en particulier qui permette à En quatrième vitesse d’être aussi réussi. La réalisation est efficace, la photographie est belle et fait la part belle aux lumières et éclairages expressionnistes caractéristiques du film noir, les acteurs incarnent bien cette galerie de personnages variés et tous intéressants, le montage et le rythme sont dynamiques sans jamais exagérer… En résumé, En quatrième vitesse a tout du film parfaitement pensé et réalisé pour divertir, accrocher le spectateur et lui faire retenir des images et des personnages qui lui resteront en tête.


On pense à Nick, le garagiste énergique et jovial et son fameux Va Va Voom, ou au légiste qui se laisse aller au jeu de la corruption, ou encore au duo Charlie Max et Sugar Smallhouse, et leurs trognes reconnaissables parmi toutes. C’est un film qui parvient à invoquer et à créer des figures, des motifs, sans que cela ne paraisse systématique ou paresseux, faisant avant tout preuve de suffisamment d’intelligence pour explorer l’idée d’un monde dirigé par un petit groupe d’individus inconnus du reste de la population, gouvernant par l’intimidation et la corruption, et maniant des technologies hautement dangereuses, faisant penser, notamment, au nucléaire et à toutes les peurs qu’il incarne à l’époque.


En quatrième vitesse ne manque pas de noirceur, ni de cynisme, mais c’est un film qui dégage une énergie particulière. On ne perd pas une miette de cette enquête palpitante à souhait, menée de main de maître par Robert Aldrich (futur réalisateur de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? et des Douze Salopards, entre autres). Tout marche simplement parce que c’est du très bon cinéma, et même si on finit par connaître le dénouement, on a envie d’y retourner.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
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le 26 nov. 2020

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