Scénariste de « Idiocracy », « Tonnerre Sous Les Tropiques » et « Men In Black III », Ethan Cohen s’investit à présent derrière la caméra et en solo. Rien de nouveau derrière le schéma qu’on nous présente. Le fraîchement réalisateur s’attaque ainsi aux clichés de la prison et des préjugés sur des détenus non civilisés. Bien entendu, il existe une certaine ligne de conduite dans la fameuse enceinte, encore trop utopique pour des personnages peu ouverts d’esprits.


Taillé pour du buddy-movie, l’intrigue ne transpose pas tout le potentiel individuel de ses héros. En effet, Will Ferrell n’est plus une anecdote dans le milieu du rire ou plus précisément de l’humour vulgaire et décousu. Il incarne le richissime James King, qui enchaîne les quiproquos comme un enfant qui découvre le monde. Cependant, son imaginaire le dépasse et c’est de cela que nous rions vivement, si jamais on se sent prêt à encaisser une lourde ambiance. L’humour appartient à Ferrell, alors que ce dernier appartient à une industrie qui standardise la majorité de ses divertissements grands public. Le problème avec ces œuvres lambdas et recyclées sans modération, c’est que l’effet de surprise a moins d’intensité que prévu.


Le caractère hystérique suit un format classique chez les personnages. Mais le surjeu a ses limites. Kevin Hart ne fait pas exception, car il exécute à lui seul toute la démarche comique. Cependant, il arrive que l’on fasse retomber la pression. On appelle alors aux émotions et le ton vire radicalement dans une sensibilité qui bouscule timidement. Il enfile la peau du père de famille, Darnell Lewis. Sa responsabilité le conduit à se familiariser avec un milieu vulgaire avant d’être réaliste. Mais c’est ce décalage qui génère tout l’humour que le récit exploite avec quelques surprises. Il est alors amené à coacher le milliardaire excentrique, mais qui cache sa sensibilité pour le bon moment.


Tout oppose ces deux hommes, aussi bien dans la forme que dans le fond. Ils ne partagent pas le même point de vue, mais finissent par regarder dans la même direction, là où il y a une récompense qui les attend. On recherche de la complémentarité, mais une complémentarité qui se gagne par la sueur, le vulgaire et l’abus. Honnête dans sa façon de procéder, le film ne se ment jamais et ne rompt pas les promesses qu’il a exposées dès les premières minutes. Comme attendu, « En Taule : Mode d’Emploi » (Get Hard) sous-estime ses valeurs et ne fait que prendre le courant qu’on lui destine, sans prendre le risque d’entrevoir un brin de subtilité. Le film atteint les normes promises, avec suffisamment de conviction pour qu’on accepte le jeu. Il faudra s’attendre à une énième performance oubliable pour ce duo ou pour ces individus qui persistent dans leur générosité. Notamment orienté, sexe, magouille et compagnie, on se heurte de toute évidence à un syndrome sans saveur. À force de trop y avoir mangé, les lieux dégoûtent plus qu’autre chose.

Cinememories
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le 6 déc. 2022

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