C'est à travers la polémique stupide qu'il a suscité que j'ai eu vent de l'existence d’Énorme. N'étant pas familier avec le travail de Sophie Letourneur c'est sans trop de conviction que j'ai été voir son film. M'attendant a une banale comédie française du type Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, inutile de dire que j'ai été agréablement surpris !
Le film montre l'histoire de Claire (Marina Foïs), une pianiste à la renommée mondiale, et son compagnon/agent//cerveau Frédéric (Jonathan Cohen). Ce dernier, désireux d'avoir un enfant, décide de remplacer la pilule contraceptive de sa compagne par des sucrettes...
Loin de l'énième comédie française que nous vend l'affiche et la bande annonce, Énorme est avant tout un film qui prend son temps. Au début riche en humour, le métrage bascule petit à petit dans le drame émouvant avec, sur la fin, une approche de plus en plus sensorielle.
Coté esthétique le film possède une mise en scène très crue. Letourneur adopte un format d'image carré qui lui permet de plonger le spectateur dans l'intimité du couple et d'appuyer les déformations corporelles quasi-fantastiques de ses personnages (en plus de lui donner l'occasion de jouer avec son cadre pour placer ça et là quelques gags visuels). Aussi, le choix de ne tourner qu'avec des personnes qui (mis à part les interprètes du couple) ne sont pas acteurs professionnels rajoute au film une dimension réaliste quasi-documentaire, dimension contrastant de façon amusante avec le jeu volontairement excessif de Cohen et le grotesque de certaines situations.
Enorme est donc une oeuvre que la réalisation déroutante et les mélanges de genres, dosés avec brio par Sophie Letourneur, rendent diablement intéressant. Certes, la grossesse forcée n'est peut être pas traitée avec le niveau de gravité souhaité par certains (et encore), mais là n'est pas la vocation du film. Reprocher cela à Letourneur est aussi idiot et vain que de reprocher à Tarantino de banaliser le meurtre. N'en déplaise aux professionnels de l'indignation.
PS: j'ai pas été super inspiré pour le titre, dsl.