Les films de samouraïs sont à Kurosawa ce que les westerns sont à Leone. Chacun est le référent du genre qui lui est associé. Mais pour continuer le parallèle, Entre le ciel et l'enfer occupe une place similaire à Il Était une fois en Amérique : un film qui se dénote du genre de prédilection du réalisateur. Mais Entre le ciel et l'enfer est également un des rares films de Kurosawa qui se déroule à une époque contemporaine, avec par exemple Les Salauds dorment en paix, avec qui il partage également la dénomination de film noir.


Ce film prouve par exemple que Kurosawa sait être polyvalent quant aux genres cinématographiques qu'il aborde, tout en conservant son savoir-faire. Les plans-séquence et les placements d'inspiration très théâtrale permettent une occupation très vivante de l'espace, notamment durant la première partie, où les personnages anéantis suggèrent par leurs regards aux multiples directions l'absence de solutions. A contrario, lorsque le téléphone, seul élément pouvant apporter des réponses au personnages, sonne, il forme un véritable point de fuite dans l'image. Par leurs constructions, ces plans sont de véritables tableaux.


J'aime beaucoup cette première partie, en huis clos, qui fait monter le suspense tout en enfermant les personnages. Mais alors que l'on pense que l'enquête se résoudra principalement par téléphone, le scénario se révèle être plus évolutif, et se découpe en trois parties bien distinctes.


L'haletante scène du train prépare le terrain pour l'enquête, qui sera à mes yeux la partie la plus faible. On avance doucement, on comprend des indices qui nous mènent jusqu'au ravisseur. C'est lorsqu'on s'immisce chez lui et que l'on constate son élan de panique que la troisième partie, l'espionnage qui finit par explorer la noirceur des bas-fonds de la société, commence.


Doté d'un duo d'acteurs grandioses, Tatsuya Nakadai et surtout Toshirō Mifune qui occupe un rôle tourmenté, Entre le ciel et l'enfer regroupe tous les éléments d'un grand film de Kurosawa, en plus de nous offrir une fin des plus intenses. Un polar riche au cadre expressif qui ravira les admirateurs de films noirs comme ceux de Kurosawa.

Monsieur_Cintre
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le 19 nov. 2020

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